(Genève) En décidant de faire la guerre à l’Ukraine, Vladimir Poutine « a clairement raccourci son temps au pouvoir », a déclaré Léonid Volkov, un proche de Alexeï Navalny, le principal opposant au président russe.

En envahissant l’Ukraine, « Poutine a clairement fait chuter la probabilité du scénario selon lequel il reste au Kremlin jusqu’à sa mort… et comme il l’avait prévu », a affirmé M. Volkov dans un entretien à l’AFP, en marge du Sommet de Genève pour les droits de l’Homme et la Démocratie.

Pour l’opposant, le président russe « a fait une erreur de calcul » en lançant ses troupes contre le pays voisin le 24 février, et cette invasion est vouée à l’échec.

M. Volkov reconnaît que « Poutine se débrouille bien pour vendre sa propagande » et justifier l’invasion aux yeux de la partie de la population russe qui n’a pas d’autre source d’information que la télévision d’État.

Mais insiste M. Volkov, les élites russes « vivent très mal le désastre économique, les pertes (humaines), les restrictions et les sanctions. Elles vont commencer à penser à un changement de régime ou à changer de système ».  

La communauté internationale « devrait tendre la main aux intimes de Poutine et leur offrir des garanties de sécurité s’ils décidaient de l’abandonner », conseille ce spécialiste en informatique, qui a dû quitter la Russie alors qu’Alexeï Navalny vient d’être condamné lui-même à neuf ans de détention dans une colonie pénitentiaire aux conditions drastiques.  

« Je suis convaincu qu’une fois Poutine parti, quelle qu’en soit la raison, Alexeï sera libéré de prison », explique M. Volkov.

Pour lui, le dernier verdict en date contre Alexeï Navalny « ne veut rien dire ».

« Navalny est le prisonnier politique personnel de Poutine, et toutes ces subtilités juridiques n’ont aucune signification. Seul Poutine peut décider de le garder en prison ou de le remettre en liberté », estime celui qui se voit lui-même « comme une des cibles principales » du Kremlin.

Il vit en dehors de Russie pour échapper aux poursuites et pour continuer à gérer l’organisation mise sur pied par M. Navalny.

« J’essaye de vivre une vie normale, parce qu’on ne peut pas vraiment se protéger de choses comme le Novitchok », lance-t-il en montrant son gobelet de thé. « Vivre dans la peur serait contre-productif ».  

Moscou, qui nie en bloc, est accusé d’avoir utilisé cet agent neurotoxique pour tenter d’éliminer des critiques du régime au Royaume-Uni en 2018, mais aussi M. Navalny en Russie.