(Paris) À cinq jours du premier tour de la présidentielle en France, Jean-Luc Mélenchon, leader de la gauche radicale, tente de s’immiscer entre sa rivale d’extrême droite Marine Le Pen et le président sortant Emmanuel Macron dont l’écart se resserre dans les sondages.

Le leader du parti La France insoumise (LFI) ne veut pas croire que le second tour se jouera, comme en 2017, entre M. Macron et Mme Le Pen : « ça n’aura pas lieu, ça, Macron/Le Pen », a-t-il estimé sur Sud Radio mardi.

Donné troisième dans les sondages, il a tenu mardi soir à Lille, dans le nord, le dernier grand rassemblement de sa campagne en se démultipliant dans 11 autres villes grâce à des hologrammes, une scénographie déjà adoptée lors de la campagne de 2017, afin de toucher un maximum d’électeurs.

« Je pense que j’ai une très sérieuse probabilité d’y arriver et que M. Macron ferait bien de se demander s’il est réellement certain qu’il va s’y trouver. Regardez les courbes », a-t-il lancé.

Crédité de plus ou moins 16 % des intentions de vote, Jean-Luc Mélenchon achève ainsi un marathon de rassemblements hebdomadaires entamé en janvier, qui ont rassemblé à chaque fois des milliers de personnes.  

Cette campagne présidentielle française est hors norme, en période de COVID-19, touchée de plein fouet par la guerre en Ukraine. Les 12 prétendants à la présidence française doivent mobiliser leurs partisans, aller chercher les indécis et ceux tentés par une abstention potentiellement élevée.

Pour le parti de M. Mélenchon, l’objectif est de l’imposer comme le seul à gauche capable de se qualifier pour le second tour et d’incarner le « vote utile ». De quoi s’attirer les foudres de la candidate socialiste Anne Hidalgo, qui accuse son rival d’avoir « fracturé » la gauche et de n’avoir « jamais voulu faire d’alliance ».

Reste qu’il est toujours distancé par la candidate du Rassemblement national (RN), Marine Le Pen, sur une dynamique ascendante ces dernières semaines, créditée de 20-23 % des intentions de vote tandis qu’Emmanuel Macron cède du terrain à 27 % ou 28 %, selon les récents sondages.

C’est justement aux électeurs de Mme Le Pen que Jean-Luc Mélenchon s’est adressé mardi soir. « Écoutez vous autres, les fâchés pas fachos, où trouvez-vous quoi que ce soit dans le discours de cette femme qui ne soit entièrement teinté de mépris de classe », a tonné le leader de LFI.  

Macron absent d’une émission politique

Au second tour, le président-candidat continue de devancer la candidate d’extrême droite, selon deux enquêtes d’opinion publiées mardi : 56 % contre 44 %, pour Ipsos Sopra-Steria et 53 % contre 47 %, selon Elabe.

Un écart réduit à trois points dans un sondage Harris Interactive lundi : 51,5 % pour Emmanuel Macron, 48,5 % pour Marine Le Pen.

« Les derniers points qui vous séparent des 50 % sont les plus difficiles à gagner », souligne le politologue Jean-Yves Camus, spécialiste de l’extrême droite.

Après un rassemblement géant samedi, Emmanuel Macron a repris la route avec un déplacement en Bretagne.

Le président sortant a renvoyé à « d’autres candidats » leur « complaisance vis-à-vis de Vladimir Poutine » et leurs « financements du côté de la Russie ».

M. Macron faisait allusion à Marine Le Pen reçue par le président russe en 2017 et dont le parti continue de rembourser un prêt d’environ neuf millions d’euros (12,2 millions de dollars canadiens) à un créancier russe.

Le président-candidat a encore défendu son bilan et sa vision d’une France forte dans « une Europe forte », affirmant avoir « tenu » les engagements pris au début de son quinquennat.

M. Macron a été critiqué par ses adversaires, étant le seul des 12 candidats à la présidentielle à décliner l’invitation à l’émission « Élysée 2022 » mardi soir sur la chaîne publique France 2, officiellement pour « raison d’agenda ».

La mort d’un jeune homme juif percuté par un tramway mi-février en région parisienne, après avoir été frappé par des jeunes, a également fait irruption cette semaine dans la campagne, après que des candidats, notamment les deux candidats d’extrême droite, eurent pointé un possible acte antisémite.

Emmanuel Macron a demandé « la clarté complète » sur cette affaire estimant qu’elle ne devait pas donner lieu à « manipulations politiques ».

Par la suite, le procureur de Bobigny Eric Mathais a affirmé que rien à ce stade n’étayait la thèse d’une agression « commise pour des motifs discriminatoires ».