(Bruxelles) La commissaire européenne Ylva Johansson a estimé lundi qu’il fallait « encourager » les réfugiés d’Ukraine à aller vers des pays de l’UE qui sont moins sous pression que la Pologne, à l’occasion d’une réunion extraordinaire des ministres de l’Intérieur des 27 à Bruxelles.

Sur les 3,8 millions de personnes qui ont fui l’offensive russe en Ukraine, 1,5 million sont actuellement accueillies en Pologne, selon la Commission, qui précise que le nombre d’arrivées dans l’UE a ralenti, pour s’établir désormais à quelque 40 000 par jour, contre 200 000 au pic de l’afflux.

Des quotas de répartition des réfugiés – tels que décidés lors de la crise de 2015-2016 – ne sont pas à l’ordre du jour et les discussions entre États membres pour soulager les pays frontaliers de l’Ukraine se font sur la base du volontariat, via une plateforme de solidarité, sur laquelle ils présentent leurs capacités d’accueil.

« Il est important d’encourager les réfugiés à quitter la Pologne et à essayer d’aller aussi vers d’autres États membres, sinon la situation ne sera pas tenable », a averti la commissaire aux Affaires intérieures.  

« La plupart des réfugiés veulent rester en Pologne, et il est important que les autres États membres informent activement ces réfugiés qu’ils pourront avoir les mêmes droits dans ces autres États membres », a déclaré Mme Johansson à l’issue de la réunion, lors de laquelle est intervenu le ministre ukrainien de l’Intérieur. « C’est nécessaire pour un partage équitable », a-t-elle dit.

Plusieurs pays de l’UE, dont la France, l’Allemagne, l’Autriche, les Pays-Bas, se sont par ailleurs engagés à prendre en charge au total près de 15 000 réfugiés arrivés en Moldavie, petit pays non membre de l’UE, débordé par cet afflux.

Les pays de l’UE actuellement les plus sous pression en termes d’accueil de réfugiés sont la Pologne, suivie de l’Autriche et de la République tchèque, selon la Commission, qui a établi un « index » en fonction du nombre de réfugiés ukrainiens accueillis, du nombre de demandeurs d’asile toutes nationalités confondues l’année dernière, par rapport à la taille du pays.

Les personnes fuyant l’Ukraine peuvent bénéficier depuis début mars dans l’UE d’une protection temporaire pouvant aller jusqu’à trois ans qui leur permet l’accès au logement, au marché du travail, au système scolaire, au système social et de santé, en vertu d’une directive de 2001 qui a été utilisée pour la première fois. Quelque 800 000 personnes ont demandé ce statut. Les Ukrainiens peuvent demeurer trois mois sans visa dans l’espace Schengen.

L’Allemagne et la Pologne ont proposé que tout bénéficiaire de la protection temporaire puisse bénéficier d’une versement de 1000 euros pour six mois, selon une lettre adressée par ces deux pays à la Commission, vue par l’AFP.  

La Commission a proposé de mettre à disposition jusqu’à 17 milliards d’euros – dont une partie vient de fonds budgétaires non utilisés de la période 2014-2020 – pour les pays qui prennent en charge le plus de réfugiés. En outre, elle a été chargée par le Conseil européen de faire des propositions de financements supplémentaires.

Les ministres ont endossé un plan d’action proposé par la Commission pour coordonner l’accueil des réfugiés. Il prévoit une plateforme d’enregistrement unique de l’UE pour que les 27 sachent qui est enregistré au titre de la protection temporaire et dans quel pays, aucune base de données commune n’existant actuellement.

Un plan de lutte contre la traite d’êtres humains et l’exploitation sexuelle des réfugiés, en très grande majorité des femmes et des enfants, doit être mis en place sous la houlette de la coordinatrice de l’UE pour la lutte contre la traite des êtres humains.

« Nous commençons à voir la présence de personnes malfaisantes près des endroits où l’on accueille des réfugiés pour exploiter femmes ou enfants. Donc nous avons vraiment besoin d’une grande mobilisation […] pour protéger ces personnes », a déclaré le ministre français de l’Intérieur Gérald Darmanin, dont le pays exerce la présidence du Conseil de l’UE.