Au début de l’invasion russe, les analystes militaires relevaient souvent que les véhicules russes participant à l’invasion de l’Ukraine arboraient tous la lettre Z, peinte en blanc sur leurs côtés. Au fil des jours, c’est devenu plus clair : le Z est une marque d’identification pour éviter que les Russes se tirent dessus.

Pratique courante

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Véhicule militaire russe portant la lettre « Z », à Armiansk, en Crimée, le 24 février dernier

Différentes formes de ce Z blanc ont été observées, qui semblent correspondre à différents corps d’armée russes. « C’est une pratique courante durant une invasion, pour éviter les tirs fratricides », explique Ben Connable, un politologue du groupe de réflexion RAND qui a dirigé en 2020 une étude sur l’invasion russe de 2014 en Ukraine. « Avant le jour J en Normandie en 1944, les alliés avaient peint des raies blanches et noires sur leurs avions. Durant l’invasion de l’Irak, nous avons peint des V inversés sur nos véhicules. Habituellement, ces marques sont aménagées juste avant l’attaque, pour éviter que l’adversaire s’en serve pour confondre les attaquants. »

La mode du Z

Lundi soir, le présentateur d’un bulletin de nouvelles russe portait un t-shirt noir avec un Z blanc au milieu, pour appuyer l’invasion. La BBC rapportait par ailleurs que le site de la chaîne gouvernementale RT, qui diffuse à l’étranger, vendait de tels t-shirts noirs avec un Z blanc en indiquant qu’il s’agissait d’une « manière d’aider les Ukrainiens ».

Les X rouges

Sur leurs comptes Facebook, les maires de Kiev et de villes de banlieue environnantes ont demandé aux citoyens habitant des immeubles d’appartements de vérifier sur les toits si des cibles rouges y avaient été peintes par des conspirateurs pro-Russie, selon le Mirror, un quotidien britannique. Mais M. Connable estime qu’il s’agit d’une « manière un peu stupide de marquer des cibles à l’ère de l’électronique ». « Je pense que ça doit être exagéré, dit M. Connable. De toute façon, aucune tactique à petite échelle ne fera la différence dans cette guerre, qui se gagnera dans les combats à grande échelle. » Mais Mick Ryan, un major-général australien à la retraite qui enseigne à West Point, l’académie militaire américaine, estime que « la reconnaissance des cibles à l’avance par des troupes spéciales fait partie de la doctrine militaire russe ».

Un couvre-feu pour les saboteurs

Il faut dire que la menace d’une cinquième colonne pro-Russie plane en Ukraine. Cette fin de semaine, un couvre-feu a été en vigueur de samedi soir à lundi matin à Kiev pour empêcher les « saboteurs » pro-Russie de sévir. « Tous ceux qui seront dehors sans raison valable durant le couvre-feu seront considérés comme des membres de groupes de sabotage de l’ennemi », a indiqué la mairie de Kiev, selon la BBC.

Les pro-Russie en Ukraine

Les sondages montrent qu’il existe une minorité pro-Russie bien réelle en Ukraine, selon John O’Loughlin, un politologue de l’Université du Colorado qui a colligé quatre sondages dans les deux provinces ukrainiennes partiellement occupées par les séparatistes pro-Russie. « Dans les zones contrôlées par le gouvernement de ces deux provinces, au début de février, entre 25 % et 30 % de la population pensait que l’Occident et le gouvernement ukrainien étaient responsables des tensions et des hostilités, dit M. O’Loughlin. On voyait même 3 % des répondants qui répondaient que ces deux provinces devraient entièrement faire partie de la Russie, et cela, dans les zones contrôlées par le gouvernement ukrainien. » Est-ce que ces résultats sont représentatifs du reste de l’Ukraine ? « Plus on va vers l’ouest, moins il y a d’Ukrainiens pro-Russie », répond le politologue du Colorado.

En savoir plus
  • 80 %
    Proportion des troupes russes massées aux frontières de l’Ukraine qui ont pénétré dans le pays
    SOURCE : Pentagone
  • 65 km
    Longueur du convoi militaire russe qui progresse depuis dimanche vers Kiev
    SOURCE : BBC