(Moscou) À Moscou comme à Saint-Pétersbourg, des milliers de Russes ont manifesté pour protester contre l’invasion de l’Ukraine lancée jeudi par le président Vladimir Poutine, des rassemblements interdits qui se sont soldés par de nombreuses arrestations.

Selon l’ONG OVD-Info, plus de 1700 personnes ont été interpellées dans plusieurs villes de Russie, dont plus de la moitié rien qu’à Moscou.

Sur la place Pouchkine, au cœur de la capitale, l’AFP a assisté à l’arrestation de dizaines de personnes qui scandaient « Non à la guerre ! ».

  • PHOTO DMITRI LOVETSKY, ASSOCIATED PRESS

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Parmi les quelque 2000 personnes venues dénoncer à Moscou l’invasion de l’Ukraine par la Russie, certains ont des proches dans ce pays.

« Ma tante vit en Ukraine, j’ai peur pour elle », dit Tatiana une étudiante moscovite de 18 ans, qui préfère taire son nom de famille pour éviter d’avoir des problèmes avec les autorités.

« Je suis en état de choc, mes proches vivent en Ukraine. Que puis-je leur dire au téléphone ? “Tenez le coup” ? Je ne peux pas rester dans ma chambre, je veux voir d’autres gens qui sont contre la guerre, qui pensent comme moi », dit de son côté Anastasia Nestoulia.

« Pays agresseur »

Malgré la répression brutale qui s’est abattue sur la société civile, avec une année 2021 particulièrement sombre, plusieurs groupes de protestataires s’étaient rassemblés dans l’après-midi et en début de soirée à Moscou.

À Saint-Pétersbourg, parmi le millier de manifestants, se trouve Daria Gazmanova, une étudiante de 20 ans. Elle est atterrée.

« Je suis ici, car je ne veux pas vivre dans un pays agresseur », dit-elle.

Les autorités russes avaient promis jeudi de réprimer toute manifestation « non autorisée » organisée dans le pays contre la guerre en Ukraine.

La place Pouchkine, mitoyenne de la grande avenue Tverskaïa qui descend jusqu’au Kremlin, était quadrillée par la police, à la suite d’un appel sur des réseaux sociaux.

Le ministère de l’Intérieur, le Parquet et le Comité d’enquête – organisme chargé des principales investigations criminelles – avaient tous mis en garde les Russes contre toute action de protestation.

Le Comité d’enquête a souligné que les participants à des rassemblements au sujet de « la situation tendue en matière de politique étrangère » ou à des heurts s’exposaient à des poursuites.

« Nous vous rappelons que les appels à participer et la participation directe à de telles actions non autorisées entraînent de graves conséquences judiciaires », a-t-il averti.

« Ça me rend malade »

Même en dehors des manifestations, la plupart des Russes interrogés par l’AFP se disaient contre cette guerre, même si quelques-uns apportaient leur soutien au président Poutine.

« Il veut aider le peuple russe et ces républiques » séparatistes prorusses dans l’est de l’Ukraine dont M. Poutine a reconnu l’indépendance lundi, plaide Galina Samoïlenko, 70 ans.

Mais alors que les Occidentaux ont annoncé de lourdes sanctions économiques pour punir Moscou, Elena, une jeune consultante de 23 ans, se demande si les Russes arriveront « à survivre à cette crise ».

« Personne de sain d’esprit ne voudrait d’une guerre », peste Victor Antipov, un habitant de Saint-Pétersbourg âgé de 54 ans, qui a l’impression que les dirigeants russes « ne pensent pas à long terme ».

Igor Kharitonov, étudiant en architecture de 20 ans, a refusé de regarder le discours dans lequel M. Poutine a annoncé jeudi matin le début des opérations militaires en Ukraine.

« La guerre, ça me rend malade », dit-il.