(Paris) Atome, énergies renouvelables et économies d’énergie : Emmanuel Macron doit exposer jeudi son plan de relance du nucléaire en France autant qu’une stratégie énergétique globale, qui s’annonce comme l’un des thèmes majeurs de sa future campagne.

À deux mois de la présidentielle, le déplacement se veut symbolique : le président et quasi-candidat se rendra sur le site de fabrication des turbines Arabelle, à Belfort (dans l’Est de la France), équipant les centrales nucléaires françaises. L’usine et la division énergie du conglomérat français Alstom ont été vendues en 2015 à l’américain General Electric lorsque Emmanuel Macron était ministre de l’Économie.

Ce choix de vendre à GE la branche énergie d’Alstom lui a été reproché régulièrement.

Or, sous la pression de l’Élysée, le fournisseur national Électricité de France (EDF) tente de racheter les activités nucléaires du conglomérat américain, dont les turbines Arabelle. Un rachat souhaité par le chef de l’État au nom de la souveraineté industrielle.

Revirement ? Réponse aux critiques ? « Non », martèle l’Élysée, qui appelle à « recontextualiser » une période « difficile » à l’époque pour Alstom, « qui avait décidé de céder ces activités nucléaires pour se recentrer sur le ferroviaire », alors que « le choix de GE présentait une forme de logique ».

La conversion de Macron au nucléaire

Depuis, Emmanuel Macron a opéré un virage progressif, jusqu’à assumer haut et fort son choix pronucléaire, lui qui en 2017 insistait surtout sur son engagement de campagne de réduire le nucléaire à 50 % de la production électrique.

Sa principale annonce jeudi portera dès lors sur une grande relance du programme nucléaire avec la décision de construire une série de nouveaux réacteurs nucléaires EPR (European Pressurized Reactor) de deuxième génération, selon une source proche de l’exécutif. Cela pourrait aller jusqu’à la commande à EDF de six réacteurs EPR 2 avec une option pour 8 supplémentaires, soit 14 au total.

Cette annonce doit intervenir alors qu’EDF a annoncé de nouveaux retards et surcoûts pour le EPR en construction à Flamanville (Manche)

Emmanuel Macron devrait aussi parler du programme des petits réacteurs nucléaires.

Le nucléaire, « c’est écologique, ça permet de produire de l’électricité sans carbone, ça participe à notre indépendance énergétique et ça produit une électricité qui est très compétitive », résume l’Élysée.

EDF a déjà remis à l’État une proposition pour construire six réacteurs EPR2 (version améliorée de l’EPR) pour une cinquantaine de milliards d’euros.

« L’État jouera son rôle »

Le groupe propose de les construire par paires sur trois sites : d’abord à Penly (Seine-Maritime), près de Dieppe, puis à Gravelines (Nord) et enfin à Bugey (Ain) ou bien Tricastin (Drôme).

« L’État contribuera et jouera son rôle » dans le financement, annonce l’Élysée.

« Plusieurs audits externes ont été faits par le gouvernement pour attester de la solidité du chiffrage par EDF et ces éléments seront rendus publics dans les jours qui suivent le discours du président », précise encore la présidence.

Au-delà, c’est une stratégie énergétique globale que doit présenter le chef de l’État, soucieux de montrer qu’il continue à accorder de l’importance aux énergies renouvelables, pour lui complémentaires du nucléaire.

« La consommation d’électricité augmente tout de suite, construire un nouveau réacteur nucléaire ce n’est pas avant 15 ans, donc les énergies renouvelables on en a besoin tout de suite », souligne l’Élysée.

Éoliennes en mer ?

Emmanuel Macron pourrait ainsi évoquer le développement des éoliennes en mer, moins contestées que les éoliennes terrestres.

Autre piste, les économies d’énergie, avec l’objectif de « réduire nos consommations sans perdre en qualité de vie ou pouvoir d’achat ».

Le but est aussi une indépendance énergétique, notamment par rapport aux importations de gaz russe.

Le discours-cadre que le chef de l’État doit prononcer à Belfort trace donc une perspective de long terme, mais doit aussi lui permettre d’occuper d’ores et déjà l’un des sujets majeurs de la campagne.

Quitte à s’attirer des critiques : Yannick Jadot, candidat EELV à la présidentielle, dénonce un « électoralisme » du président qui, selon lui, « juste avant l’élection présidentielle, essaie de corriger l’aberration d’avoir vendu Alstom à General Electric, dans des conditions absolument inacceptables pour la France ».  

À l’unisson, l’ONG Greenpeace a également dénoncé mercredi un « objectif électoraliste » d’un « candidat opportuniste ».