(Vilnius) Six Lituaniens ayant perdu des proches pendant la répression soviétique du mouvement pour l’indépendance de la Lituanie, en 1991, ont intenté jeudi un procès à l’ancien dirigeant russe Mikhaïl Gorbatchev.

Cette action en justice a été engagée 31 ans après l’assaut donné le 13 janvier 1991 par des troupes soviétiques contre de nombreux édifices gouvernementaux dans la capitale lituanienne Vilnius.  

Quatorze civils non armés ont perdu la vie et plus de 700 personnes ont été blessées au cours de cette attaque.

L’attaque de Moscou contre des bâtiments stratégiques, protégés par des dizaines de milliers de partisans de l’indépendance, visait à mettre la Lituanie au pas après sa sécession de l’Union soviétique moins d’un an plus tôt.

PHOTO STÉPHANE BENTURA, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Mikhaïl Gorbatchev en 1991.

La Lituanie a finalement été reconnue par Moscou comme un État indépendant en septembre 1991.

En 2019, un tribunal lituanien avait condamné des dizaines de responsables de l’ère soviétique pour crimes de guerre, mais les procureurs du pays avaient refusé d’enquêter sur Gorbatchev, aujourd’hui âgé de 90 ans, qui était au pouvoir à l’époque.

Ce refus avait suscité la colère de victimes qui réclament justice.

Ces dernières affirment que l’ancien dirigeant soviétique avait le contrôle de son armée, mais n’a pas réussi à arrêter ce « crime international » contre les Lituaniens, qui étaient en quête de liberté après 50 ans d’occupation soviétique.  

« Il est clair que les actions des forces militaires n’auraient pas été possibles sans une coordination avec Gorbatchev », a déclaré un des plaignants, Robertas Povilaitis, qui a perdu son père.  

Ce dernier estime que le procès est « très important » mais si l’on ne prend pas en compte la responsabilité du commandant en chef, « la justice n’est pas complète ».

La plupart des 67 personnes reconnues coupables de crimes de guerre en Lituanie ont été jugées par contumace, notamment l’ancien ministre soviétique de la défense, Dmitry Lazov, décédé en février 2020 à l’âge de 95 ans.

Le maréchal Lazov était responsable du déploiement d’unités spéciales en Lituanie et en Lettonie au début de l’année 1991.

Plusieurs responsables lituaniens sous la période soviétique ont été emprisonnés pour leurs actes, mais d’autres suspects sont restés hors d’atteinte en Russie et en Biélorussie.  

Les relations entre la Russie et la Lituanie, pays de 2,8 millions d’habitants, ont été difficiles depuis l’indépendance, et notamment depuis que le pays balte a rejoint l’Union européenne et l’OTAN en 2004.