(La Haye) Le quatrième gouvernement de coalition consécutif du premier ministre Mark Rutte a été investi lundi aux Pays-Bas 10 mois après les élections, un record, avec des promesses d’investissements importants pour la lutte contre le changement climatique.

Le nouveau gouvernement, baptisé « Rutte IV », veut construire deux centrales nucléaires et prévoit de consacrer 35 milliards d’euros sur 10 ans au réchauffement climatique, qui représente une menace majeure pour les Pays-Bas : un tiers du territoire se trouve sous le niveau de la mer.

« Le corona n’est pas encore parti, mais il y a bien sûr aussi d’autres problèmes majeurs », a déclaré sur Twitter Mark Rutte après le premier conseil des ministres du nouveau gouvernement, évoquant le besoin de construire de nouveaux logements, la sécurité ainsi que les plans relatifs au changement climatique dans un pays dépendant fortement du gaz.

Les Pays-Bas se dotent également pour la première fois d’un ministre pour le Climat et l’Énergie, en la personne de Rob Jetten, 34 ans, et le nouveau gouvernement a affiché l’objectif de la neutralité carbone d’ici 2050.

« Le gouvernement doit rattraper son retard dans le domaine du changement climatique », a déclaré M. Jetten auprès de l’agence de presse néerlandaise ANP, reconnaissant une tâche « considérable ».  

A plus court terme, l’une des premières tâches du gouvernement sera de décider s’il faut prolonger le « confinement » en vigueur jusqu’à vendredi dans le pays, où les contaminations à la COVID-19 atteignent des niveaux records.

Le nouveau gouvernement, investi lors d’une cérémonie officielle au palais Noordeinde à La Haye, compte un nombre record de femmes, 14 sur un total de 29 ministres et secrétaires d’État. Sur 20 ministres, 10 sont des femmes.

L’un des postes les plus importants a été alloué à Sigrid Kaag, première femme ministre des Finances, qui, souffrant du coronavirus, a prêté serment par visioconférence, également une première aux Pays-Bas. Son prédécesseur Wopke Hoekstra devient ministre des Affaires étrangères.

« Restaurer la confiance »

Face au scepticisme ambiant, M. Rutte a promis un nouveau départ, bien qu’il soit premier ministre depuis 2010, ce qui fait de lui le deuxième dirigeant de l’Union européenne le plus longtemps en poste, après le Hongrois Viktor Orban.

Malgré un record de 271 jours de négociations après les élections législatives de mi-mars, la coalition est composée des quatre mêmes partis que dans le dernier gouvernement : le VVD de centre droit de M. Rutte, le D66 de centre gauche de Mme Kaag, le CDA de centre droit de M. Hoekstra et le Christen Unie (conservateurs).

Ce gouvernement sortant avait démissionné en janvier 2021 à la suite d’un scandale administratif au cours duquel des milliers de parents avaient été accusés à tort de fraude aux allocations familiales.

Surnommé le premier ministre « Teflon » pour sa capacité à rester au pouvoir malgré les scandales et les crises politiques, M. Rutte a déclaré en décembre qu’il souhaitait que son nouveau gouvernement « restaure la confiance ».

Au poste des Finances, Sigrid Kaag, ancienne diplomate de 60 ans, pourrait apaiser les tensions à Bruxelles, les Pays-Bas faisant partie des quatre pays dits « frugaux » (avec l’Autriche, le Danemark et Suède), partisans de la rigueur budgétaire et se heurtant fréquemment aux États du sud de l’Europe.

M. Rutte devrait devenir plus tard cette année le premier ministre le plus longtemps en poste à La Haye, même si la gestion de la pandémie de coronavirus reste politiquement sensible.

Le populiste d’extrême droite et coronasceptique Thierry Baudet s’est fait le porte-voix d’une révolte qui a déclenché de violentes émeutes l’année dernière. Et un militant anti-vaccination a récemment été arrêté pour avoir brandi une torche allumée devant la maison de Sigrid Kaag.