(Paris) Face à la présence accrue de sous-marins indésirables, la France veut disposer d’une filière souveraine de bouées acoustiques pour les détecter, et le ministère des Armées s’apprête à passer un contrat de développement avec Thales.  

La ministre des Armées Florence Parly visitera jeudi à Anglet (Pyrénées-Atlantiques) la société Telerad pour annoncer la notification de ce contrat de développement de « quelques millions d’euros » de bouées SonoFlash, a indiqué son cabinet.

Telerad et plusieurs autres PME travaillent sur ce projet sous la maîtrise d’œuvre de Thales, qui en a autofinancé une partie, pour une entrée en service en 2025.

« Il s’agit d’une relocalisation d’une compétence que nous n’avions plus, puisqu’on achète nos bouées aux États-Unis », a expliqué le cabinet. Et si le programme est limité du point de vue budgétaire, « il est emblématique : sans bouée acoustique performante, on devient aveugle sur ce qui se passe sous l’eau ».

Avec les sonars équipant les sous-marins et certains navires de surface, les bouées acoustiques sont essentielles pour détecter la présence de sous-marins indésirables dans une zone, les pister ou encore les identifier. Et s’assurer qu’ils ne s’approchent pas trop près des côtes ou ne pistent pas les sous-marins ou le porte-avions français.

La marine française en consomme entre 4500 et 7000 par an et ce chiffre « ne va pas diminuer » avec une présence accrue depuis quelques années de sous-marins russes, notamment dans l’Atlantique Nord.

La bouée SonoFlash pourra être larguée d’un hélicoptère Caïman ou d’un avion de lutte anti-sous-marine Atlantique-2. Une fois dans l’eau, elle capte les ondes sonores du sous-marin, permettant de le repérer.

PHOTO MARINE FRANÇAISE

Un avion de lutte anti-sous-marine Atlantique-2.

La France est par ailleurs engagée d’ici à 2024 dans la modernisation de ses 18 Atlantique-2 afin de les maintenir en service jusqu’en 2035. Le successeur de cet avion doit être issu d’un projet de coopération franco-allemande (programme MAWS).

Mais des doutes émergent sur l’avenir de ce projet avec l’annonce par le Pentagone que les États-Unis étaient prêts à vendre à Berlin cinq avions de lutte anti-sous-marine P-8 Poséidon pour 1,77 milliard de dollars.

L’Allemagne doit en effet remplacer ses avions de lutte anti-sous-marine à l’horizon 2025, bien avant la France, qui lui a donc proposé de mettre à disposition quatre Atlantique-2 en attendant.

Selon le cabinet de Mme Parly, « il est certain qu’on préfère une solution européenne », mais à ce stade « l’Allemagne n’a pas remis en cause les engagements qu’elle a pris » sur le programme MAWS.