(Paris) Le chef présumé du groupuscule d’ultradroite les « Zouaves Paris », soupçonné d’être impliqué dans les violences lors de l’assemblée électorale du candidat à la présidentielle Éric Zemmour à Villepinte, a été interpellé mardi.

Marc de Cacqueray-Valmeunier a été arrêté par la Brigade de recherche et d’intervention (BRI) de la préfecture de police. Il avait été identifié par plusieurs médias sur les vidéos montrant l’agression à coups de poing et de chaises des militants de SOS Racisme qui avaient exhibé des t-shirts « Non au racisme » lors du lancement de la campagne électorale de Zemmour..

Le jeune homme de 23 ans, qui nie être un dirigeant de ce groupuscule né en 2018, a déjà été condamné à six mois de prison avec sursis en janvier 2019 pour des violences commises lors des manifestations des gilets jaunes le 1er décembre 2018.

Dix mois de prison ont également été requis contre lui il y a un mois au procès de l’attaque à coups de batte de baseball d’un bar antifa à Paris, dans le quartier de Ménilmontant, en juin 2020.

Marc de Cacqueray-Valmenier s’est également vanté sur son compte Instagram d’être allé combattre à l’automne 2020 au Nagorny-Karabakh aux côtés des Arméniens chrétiens contre les Azerbaïdjanais musulmans.

Gérald Darmanin a annoncé dimanche avoir engagé la procédure de dissolution des Zouaves, héritiers du Groupe union défense (GUD), l’ancien syndicat étudiant d’extrême droite.

Les ZVP, adeptes des actions éclair violentes

Le groupuscule Zouaves Paris (ZVP) est un rassemblement de militants violents adeptes d’actions éclair.

« On ne prend pas sa carte, on n’est pas inscrit » aux Zouaves Paris, disait Marc de Cacqueray-Valmenier, présenté par un procureur comme le « moteur » du groupe, en novembre lors du procès de cinq de ses membres présumés pour l’attaque d’un bar de la mouvance « antifa » à Paris en juin 2020.

Non constitués en association, les ZVP sont davantage « un groupement de fait » de militants d’ultradroite « déjà engagés auparavant », explique la chercheuse Marion Jacquet-Vaillant.

Ces militants commencent à s’appeler Zouaves Paris « au début de l’année 2018 », dit la docteure en science politique qui a consacré sa thèse à la mouvance identitaire.

Le groupuscule, qui « réunit aussi bien des anciens du GUD (aujourd’hui dissous), des néofascistes que des identitaires venus d’autres groupes », selon l’historien spécialiste de l’extrême droite Nicolas Lebourg, « n’a pas de leader ou de hiérarchisation », pas plus qu’une « ligne » idéologique partagée par tous ses membres.

Il « n’existe que pour un moment, une action », ajoute M. Lebourg.

« À la mode hooligans »,

Les Zouaves Paris cherchent des « actions démonstratives », « à la mode hooligans », soit « en participant à des manifestations pour les faire dégénérer », soit en « se battant avec les antifas et l’ultragauche », abonde une source sécuritaire, qui assimile leur comportement à celui de « milices privées ».

Avant l’assemblée électorale d’Éric Zemmour à Villepinte, les ZVP avaient participé à la manifestation du 1er décembre 2018, la plus violente des « gilets jaunes » marquée par le saccage de l’Arc de Triomphe.

Pour sa « participation à un groupement en vue de commettre des dégradations » lors de celle-ci, Marc de Cacqueray-Valmenier a été condamné à six mois de prison avec sursis assortis de 105 heures de travail dans la communauté.

Son ami Aloys Vojinovic, avec lequel il a tagué « ACAB » (« All cops are bastards », « tous les flics sont des bâtards ») ou « Libre, social et national », avait été condamné à trois mois de prison ferme.

Les Zouaves ont donc aussi revendiqué l’attaque à coups de battes de baseball et d’aérosols de gaz lacrymogène du bar Saint-Sauveur, lieu emblématique de la mouvance antifasciste dans le quartier de Ménilmontant à Paris.

Lors du procès, dont le jugement doit être rendu le 21 janvier, six et dix mois de prison ont été requis contre deux militants, dont Marc de Cacqueray-Valmenier.

Ce dernier affirme qu’il ne faisait plus partie du groupe rassemblant « majoritairement des lycéens ou des jeunes étudiants » à l’époque de l’attaque, après l’avoir « fréquenté à des intervalles plus ou moins réguliers entre 2017 et 2020 ».

Nagorny-Karabakh

Marc de Cacqueray-Valmenier s’est vanté sur son compte Instagram d’être allé combattre à l’automne 2020 au Nagorny-Karabakh aux côtés des Arméniens chrétiens contre les Azerbaïdjanais mulsulmans.

Comme lui, les Zouaves Paris « publient sur les réseaux sociaux leurs exploits », explique la source sécuritaire.

Sur la boucle Telegram « Ouest Casual » qu’ils abondent figure ainsi notamment la chasse aux « antifas » avant le meeting de M. Zemmour.

Elle renseigne également sur la porosité du groupuscule avec le milieu hooligan du football. Ainsi a été posté le 23 novembre un hommage pour les 15 ans de la mort de Julien Quemener, le supporter du PSG décédé en marge du match entre le club parisien et l’Hapoël Tel Aviv, sur fond d’attaque antisémite.

D’autres messages renvoient à des groupes de hooligans européens, comme ces photos sur lesquelles les « Boixos Nois », ultras du FC Barcelone, font des saluts nazis.

Marc de Cacqueray-Valmenier, neveu du prêtre catholique traditionaliste Régis de Cacqueray-Valmenier, est lui adepte de kick-boxing.

Il a participé en décembre 2019 au championnat d’Ukraine, selon une photo publiée sur son compte Facebook sur laquelle il est vêtu d’un t-shirt du groupe de black métal néonazi Moloth.