(Bruxelles) La Commission européenne a défendu mercredi sa politique en matière d’asile et de migration, après les propos du pape qui a appelé à mettre fin à un « naufrage de civilisation » dans un discours au camp de migrants de Lesbos en Grèce.

Interrogé sur ces déclarations, le vice-président de la Commission, le Grec Margaritis Schinas, précisant avoir assisté au déplacement du souverain pontife, a indiqué n’avoir pas la même interprétation que ce qui avait été rapporté dans les médias.

Le pape « a clairement reconnu l’amélioration et les progrès significatifs qui ont eu lieu sur le terrain depuis sa première visite à Lesbos en 2016 », a déclaré M. Schinas, soulignant que 2000 personnes se trouvaient dans le camp visité par le souverain pontife. Le précédent, celui de Moria, insalubre, a accueilli jusqu’à 25 000 migrants en mars 2020, selon la Commission.

« De nouvelles installations sont en cours de finalisation et livraison avec le financement et aux normes de l’UE », a ajouté le responsable.

M. Schinas a aussi souligné que le pape François avait lancé un appel en faveur d’un accord européen sur la migration, rappelant que la Commission avait proposé en septembre 2020 un Pacte sur la migration et l’asile, dont l’adoption bute sur les divisions entre États membres. « Il dit la même chose que nous », a commenté M. Schinas.

La Méditerranée « est en train de devenir un cimetière froid sans pierres tombales » […] Je vous en prie, arrêtons ce naufrage de civilisation ! » a lancé le pape dimanche, jugeant aussi « triste d’entendre proposer comme solution l’utilisation de fonds communs pour construire des murs, car ce n’est pas en élevant des barrières que l’on résout les problèmes ».

La Commission s’est prononcée contre le financement par l’UE de ces clôtures anti-migrants érigées dans plusieurs États membres, sans cependant en condamner le principe.

La commissaire aux Affaires intérieures Ylva Johansson s’est aussi félicitée des « bons progrès » réalisés en Grèce et dans l’UE pour l’accueil des demandeurs d’asile, rappelant par ailleurs que plus de 20 000 Afghans avaient été évacués par les États membres depuis le retour au pouvoir des talibans.

Elle a toutefois déploré les « informations fiables et très préoccupantes » sur des violences et des refoulements de migrants aux frontières extérieures de l’UE, en référence à des accusations visant notamment la Grèce et la Croatie.

 « C’est bien sûr totalement inacceptable et cela doit faire l’objet d’enquêtes approfondies », a redit la responsable suédoise.

Elle a salué l’engagement pris par la Grèce, tout comme par la Croatie, de mettre en place un dispositif indépendant destiné à surveiller le respect des droits fondamentaux aux frontières.