(Bruxelles) Douze États de l’Union européenne, dont l’Autriche, la Grèce, la Pologne et la Hongrie ont demandé à Bruxelles de financer la construction de barrières à leurs frontières pour empêcher les arrivées de migrants, dans une lettre vue vendredi par l’AFP.

La commissaire aux Affaires intérieures Ylva Johansson, destinataire du courrier, a répondu que les pays avaient « la possibilité et le droit de construire des clôtures ».

« Je ne suis pas contre. Mais quant à savoir si on devrait utiliser les fonds européens qui sont limités, pour financer la construction de clôtures à la place d’autres choses tout aussi importantes, c’est une autre question », a-t-elle déclaré lors d’une conférence de presse à l’issue d’une réunion des ministres de l’Intérieur à Luxembourg.

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Des soldats polonais érigeant une barrière à la frontière entre la Pologne et la Biélorussie près du village de Nomiki, en Pologne, le 26 août 2021.

Elle a jugé que « ce n’était pas vraiment une bonne idée de faire de nouvelles propositions » alors que celles du Pacte sur la migration et l’asile — projet de réforme proposé par la Commission qui bute sur les divisions entre États membres — étaient toujours « sur la table ».

Les ministres des 12 pays jugent qu’« une barrière physique apparaît comme une mesure de protection des frontières efficace, qui sert les intérêts de l’ensemble de l’UE, pas seulement les États membres en première ligne ».

Ils soulignent que « la surveillance des frontières n’empêche pas les tentatives de passage illégal », dans leur courrier envoyé également au vice-président de la Commission Margaritis Schinas.

« Cette mesure légitime devrait faire l’objet de financements supplémentaires et adéquats dans le budget européen », demandent les ministres de l’Intérieur de l’Autriche, la Bulgarie, Chypre, la République tchèque, le Danemark, l’Estonie, la Grèce, la Hongrie, la Lituanie, la Lettonie, la Pologne et la Slovaquie.

Ces pays réclament une « réponse forte pour contrer l’instrumentalisation de l’immigration illégale et les menaces hybrides », alors que la Commission prépare une réforme du Code frontières Schengen-espace de libre circulation comprenant 22 pays de l’UE, ainsi que l’Islande, le Liechtenstein, la Norvège et la Suisse.

« Aucun pays tiers ne devrait être en mesure d’utiliser notre système d’asile pour exercer des pressions politiques et faire du chantage à l’UE et ses États membres, ou d’exploiter la situation actuelle en Afghanistan », écrivent les ministres.

Plusieurs milliers de migrants ont franchi la frontière entre la Biélorussie et l’Union européenne, en Lituanie, en Lettonie et en Pologne ces derniers mois, et l’UE accuse le régime de Minsk d’orchestrer ces passages, en représailles aux sanctions européennes.

La Pologne, comme la Lituanie, ont commencé à construire des clôtures de barbelés sur une partie de leur frontière avec la Biélorussie. La Hongrie avait quant à elle érigé ce type de barrière à la frontière avec la Serbie et la Croatie (pays membre de l’UE mais qui n’est pas dans Schengen) lors de la crise migratoire de 2015. La Slovénie a fait de même avec la Croatie.