(Marseille) « Il faut répondre présent rapidement et se préparer à aller n’importe où à tout moment » : Nicolas Faure, sapeur-pompier français envoyé en renfort en Grèce, constate que les interventions à l’étranger se multiplient avec le réchauffement climatique.

« Depuis notre intervention lors des violents incendies en Suède (à l’été 2018), on a intégré cette réflexion : les feux peuvent toucher n’importe quel pays et on doit se préparer à tout moment », assure le lieutenant-colonel Nicolas Faure.

Ce pompier aguerri de 55 ans est parti jeudi soir pour Athènes, avec le premier détachement de pompiers français envoyés dans le cadre de l’aide européenne. Il a témoigné par téléphone auprès de l’AFP, alors que son unité devait se diriger vers la zone de Tropea, à l’ouest d’Athènes, après avoir combattu des incendies au nord de la capitale grecque.

À l’étranger, les pompiers ont « quelques points de difficulté, reconnaît M. Faure : par exemple, en Grèce, le format de raccord des tuyaux n’est pas le même qu’en France ». « On essaie de bricoler, on s’adapte », assure-t-il.

Les retours d’expérience se multiplient, améliorant encore la préparation de ces combattants du feu : « On va anticiper à l’avenir sur des difficultés qu’on connaît sur ces missions et aussi améliorer nos propres dispositifs par rapport à ce qu’on voit à l’étranger ».

Mardi, un nouveau contingent de marins-pompiers et sapeurs-pompiers français, portant à 140 personnels l’aide française, est arrivé en Grèce. Avec eux, une cinquantaine de véhicules de lutte contre les feux de forêt. Une bonne nouvelle pour M. Faure, qui estime que ce matériel « va nous apporter beaucoup en autonomie ».

« Cocktail maudit »

Tout juste arrivé en Grèce dans ce nouveau détachement après une nuit de route jusqu’à l’Italie puis deux traversées en traversier, le colonel Frédéric Gosse, 56 ans, constate : « Les épisodes de chaleur et de sécheresse, qu’on a toujours connus en Méditerranée, reviennent de plus en plus souvent et sont de plus en plus longs et marqués ».

Les températures devraient grimper plus vite autour de la Méditerranée qu’au niveau mondial au cours des prochaines décennies, selon un rapport des experts de l’ONU qui qualifient cette région de « point chaud » du changement climatique.

La topographie de la Grèce, reconnaît ce pompier varois, « correspond à celle du sud de la France », une région qui a connu de très gros incendies dans le passé, mais en ce début août, plusieurs facteurs aggravants s’ajoutent au tableau sur le terrain grec : « des températures bien supérieures à 40 degrés, plusieurs mois sans pluie et des vents violents, un cocktail maudit ».

Au-delà de ces conditions, « ce qui frappe c’est tous ces feux en même temps », témoigne Nicolas Faure. « Quand on est arrivé, il y avait des feux vers Athènes, sur l’île d’Eubée, on avait l’impression que c’est la Grèce entière qui brûlait », résume-t-il.

Comme dans le sud de la France, d’où il vient lui aussi, « les feux partent de zones rurales très sensibles, avec beaucoup d’habitations à protéger ». Traumatisés par les feux récurrents, et notamment l’incendie meurtrier de juillet 2018 qui avait fait plus de cent victimes à Mati, au nord-est d’Athènes, « les habitants vivent quelque chose de dramatique, ça les éprouve beaucoup », ressentent les pompiers français.

« Ils sont très sensibles à l’engagement de la France, chaque jour nous avons des témoignages spontanés et sincères de remerciements », raconte M. Faure.

L’aide européenne, dans laquelle s’inscrit la venue des Français, a « soulagé les Grecs, très contents de nous voir arriver, avec des équipes fraîches et des moyens adaptés », explique M. Gosse.

« Le mécanisme européen joue à plein », se félicite-t-il. Dès mercredi, la Commission européenne a annoncé l’envoi d’avions, d’hélicoptères et de pompiers vers l’Italie, la Grèce, l’Albanie et la Macédoine du Nord pour aider ces pays à lutter contre les incendies.

Dans ce cadre, outre les personnels et véhicules terrestres, la France a envoyé trois Canadairs et un avion d’observation. Même si les pompiers maintiennent une vigilance forte sur le sud de la France, zone toujours sensible pour les feux l’été.