Le président Emmanuel Macron a annoncé de nouvelles mesures pour inciter plus de Français à se faire vacciner

« Pass sanitaire » dans les lieux publics, comme les bars et les restos, vaccination obligatoire pour les soignants, tests PCR payants, campagne de vaccination pour les étudiants…

Dans une allocution télévisée d’à peine 30 minutes, le président français Emmanuel Macron a annoncé lundi soir une brochette de nouvelles mesures pour relancer une campagne de vaccination au ralenti et contrer une probable quatrième vague de l’épidémie de COVID-19 et la progression du variant Delta en France.

« Notre pays est confronté à une reprise forte de l’épidémie », a déclaré le chef de l’État français, appelant à un « été de mobilisation pour la vaccination, […] seul chemin vers le retour à la vie normale ».

PHOTO LUDOVIC MARIN, AGENCE FRANCE-PRESSE

Le président Macron, lors de l’annonce des nouvelles mesures à la télévision, lundi

Les cas de coronavirus remontent en effet dans l’Hexagone à cause de l’incontrôlable variant Delta, « trois fois plus contagieux que la première souche » a déclaré Macron, en prédisant une hausse des hospitalisations en août si des mesures ne sont pas prises au plus vite.

Plus de 4000 nouveaux cas sont recensés quotidiennement en France depuis une semaine. Le nombre de malades en soins critiques était aussi en légère hausse lundi, avec 957, soit 10 de plus que la veille. Des chiffres préoccupants pour les autorités.

Mesures fortes

Il faudra donc maintenant montrer patte blanche pour entrer dans les bars, les restaurants, les centres commerciaux, ainsi que les hôpitaux, les maisons de retraite, les trains et les avions.

PHOTO SEBASTIEN SALOM-GOMIS, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

Un agent de sécurité vérifie le passeport vaccinal d’une cliente, à l’entrée d’une discothèque à Saint-Jean-de-Monts, dans l’ouest de la France, vendredi.

Seules les personnes ayant été vaccinées ou pouvant présenter un test PCR négatif de moins de 48 heures pourront accéder à ces lieux en exhibant ce qu’il est désormais convenu d’appeler un « pass sanitaire ». Une mesure qui sera en vigueur dès le 21 juillet dans le secteur du « loisir et de la culture » et s’étendra, début août, aux cafés et aux restos.

Confirmant une rumeur qui courait depuis une semaine, le président a également annoncé que tous les travailleurs de la santé — des hôpitaux aux maisons de retraite — devront obligatoirement se faire vacciner contre la COVID-19. La France suit ainsi l’exemple de l’Italie et de la Grèce, qui ont toutes deux pris des mesures en ce sens.

Vous aurez jusqu’au 15 septembre pour vous faire vacciner. À partir du 15 septembre, des contrôles seront opérés, des sanctions prises.

Emmanuel Macron, président de la République française

Après cette date, les soignants non vaccinés ne pourront plus travailler et ne seront donc plus payés, si l’on en croit le ministre de la Santé, Olivier Véran, qui s’est exprimé clairement à ce sujet dans la foulée des déclarations du président.

Un projet de loi sur cette question sensible sera présenté en Conseil des ministres dans une semaine et devrait être adopté en priorité.

Parmi les autres mesures fortes, le chef de l’État français a annoncé la fin des tests PCR gratuits, qui offraient jusqu’ici une solution de rechange privilégiée aux « vaccino-hésitants ». Des campagnes de vaccination seront aussi organisées, dès la rentrée, pour les élèves et les étudiants du collège à l’université, tandis que les contrôles seront renforcés aux frontières, avec isolement contraint pour les personnes non vaccinées.

Vaccination élargie ?

Ce nouveau tour de vis suffira-t-il à réveiller une campagne de vaccination qui semble fléchir depuis le début de l’été ?

Jusqu’ici, 53 % des Français ont reçu au moins une dose de vaccin et plus de 40 % sont complètement vaccinés. Or, selon le Conseil scientifique français, il faudrait que de « 90 % à 95 % de personnes soient vaccinées ou infectées » pour que l’épidémie soit « contrôlée ». Bref, on est encore loin du compte.

Emmanuel Macron a indiqué qu’il ne fermait pas la porte à une obligation vaccinale pour la population générale « en fonction de l’évolution de la situation ».

Un scénario qui ne surprendrait pas l’épidémiologiste Philippe Sansonetti, chercheur à l’Institut Pasteur, qui suggère même que cette décision aurait peut-être déjà été prise.

« Nos dirigeants sont frileux, de peur de réactions émotionnelles irrationnelles du type “gilets jaunes”, mais ils s’y préparent plus que sérieusement ces derniers jours », avance-t-il.

Chercheur à l’École des hautes études en santé publique et spécialiste des controverses sanitaires, Jocelyn Raude se fait plus prudent.

Selon lui, « il est possible que cette option soit mise sur la table. Mais tant que ça reste sans effet sur le système hospitalier, comme ça semble être le cas pour l’instant, je ne crois pas qu’on en arrivera à ça ».

Selon ce que rapporte le média l’Internaute, près de 20 000 demandes de vaccination ont été enregistrées par minute sur le site Doctolib (l’équivalent de notre ClicSanté) à la suite de l’allocution d’Emmanuel Macron. Le branle-bas de combat est commencé.

Des centaines de milliers de prises de rendez-vous

Les annonces d’Emmanuel Macron visant à inciter à la vaccination ont provoqué un premier sursaut des prises de rendez-vous, lundi. « Vous êtes des centaines de milliers à avoir réservé un [rendez-vous] de vaccination ce soir [lundi] », a noté le ministre de la Santé, Olivier Véran, sur Twitter. « Ça tombe bien, on a des vaccins, des centres ouverts partout et des dizaines de milliers de soignants, pompiers, agents des collectivités qui n’attendent que vous », a-t-il assuré. Par anticipation, 212 000 personnes avaient déjà pris rendez-vous dans la journée pour une première injection ce week-end, déjà « un record » depuis un mois et « jusqu’à 40 % de plus que les week-ends précédents ».

Agence France-Presse