(Paris) C’est une bonne nouvelle pour le secteur des musiques actuelles : un concert test du groupe français Indochine, qui s’est tenu le 29 mai à Paris devant une foule masquée, a démontré « l’absence de sur-risque d’infection » à la COVID-19, selon les résultats dévoilés jeudi par les Hôpitaux de Paris.

« C’est la perspective d’avoir des données pour construire des protocoles adaptés au niveau de circulation du virus et ainsi ne plus jamais refermer (les salles ou enceintes de concerts) », commente pour l’AFP Malika Seguineau, du Prodiss (Syndicat national du spectacle musical et de variété).

La présence « à un concert n’a pas été associée à un sur-risque de transmission du (COVID-19) lors d’un concert en configuration debout, sans distanciation physique, chez des personnes masquées avec un test antigénique négatif dans une salle fermée », précise l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (AP-HP).

L’expérimentation s’est toutefois tenue alors que le variant Delta, plus transmissible et dont l’expansion inquiète, était nettement moins présent qu’aujourd’hui.  

Elle reposait sur deux populations observées, après tirage au sort des volontaires. Un groupe de 3917 personnes a assisté au concert d’Indochine dans la salle de concert de Paris-Bercy (Accor Arena). Et 1947 personnes sont restées chez elles, pour analyser en miroir la circulation de la COVID-19.  

Toutes avaient été testées trois jours avant, le jour J (résultats a posteriori dans ce cas précis) et sept jours après. Tout volontaire présentant des signes de COVID-19 lors du test 72 heures avant était exclu.  

« Le nombre de participants ayant une PCR salivaire positive sept jours après l’évènement était de 8 parmi les 3917 participants dans le groupe expérimental comparé à 3 parmi les 1947 participants du groupe contrôle », détaille l’AP-HP, chargée du volet scientifique, tandis que le Prodiss supervisait la partie concert.

Parler de la rentrée

Le taux d’incidence « observé dans les deux groupes (0,20 % et 0,15 %, respectivement) correspond au taux d’incidence en Ile-de-France estimé dans les deux semaines précédant l’évènement, c’est-à-dire entre 150 et 200 cas pour 100 000 habitants.  

Il est actuellement nettement plus bas, même si la tendance repart à la hausse, en raison du variant Delta.

« On a ici démontré que le sur-risque était absent à un moment où l’incidence était élevée, poursuit Mme Seguineau. Sur ces bases, on demande à discuter dès maintenant du cadre de la rentrée » .

Par ailleurs, pendant la soirée de 4 heures, le bon port du masque a été évalué à 91 % grâce aux données recueillies « de façon strictement anonyme par un outil d’intelligence artificielle (par le biais de) caméras », indique l’AP-HP.  

Tous les volontaires « avaient entre 18 et 45 ans, n’avaient pas de comorbidités, pas de symptôme évocateurs de COVID-19, pas de contact récent avec une personne infectée », poursuit-elle.

Sur les 6968 personnes qui s’étaient présentées initialement trois jours avant l’évènement, 290 personnes avaient « des critères de non-inclusion dont une avait un test antigénique rapide positif », selon l’AP-HP.  

Au départ, cette population scindée en deux comprenait 4451 spectateurs et 2227 personnes pour le groupe témoin (âge médian de 27 ans, 58 % de femmes, 50 % avec au moins une dose de vaccin et 7 % avec un schéma complet de vaccination).

« 85 % de pertes »

Au final, 88 % « dans chaque groupe se sont conformées aux obligations du protocole », certains ne renvoyant pas leurs prélèvements salivaires ou ne venant pas au concert, ce qui explique les populations réellement étudiées de 3917 spectateurs et 1947 membres du groupe témoin.

Le soir du concert, les bars/restaurants étaient fermés ainsi que les zones fumeurs. Depuis le 30 juin, les concerts debout, interdits depuis mars 2020, sont de nouveau autorisés en France, dans une jauge de 75 % en intérieur et 100 % en extérieur.  

Le port du masque n’est plus obligatoire mais seulement recommandé pour les évènements soumis au pass sanitaire (au-delà de 1000 personnes).  

L’interdiction des concerts debout depuis mars 2020, en raison de la crise sanitaire, avait induit « 85 % de pertes, soit 2,3 milliards d’euros (3,4 milliards de dollars canadiens) » dans le spectacle musical, avait mesuré au printemps le président du Prodiss, Olivier Darbois.