(Moscou) La Russie a passé jeudi le seuil des 4000 décès dus au coronavirus, selon les derniers chiffres officiels qui montrent également un recul des nouvelles contaminations, malgré des témoignages tendant à montrer notamment la saturation des hôpitaux à Saint-Pétersbourg.

Le nombre de décès en Russie s’établit désormais à 4142 personnes, pour un total de 379 051 cas avérés de coronavirus, dont 150 993 guérisons.

Épicentre de l’épidémie, Moscou recense près de la moitié des contaminations avec 173 497 cas, et 2254 morts.  

Le nombre quotidien de nouvelles contaminations poursuit un déclin progressif, avec 8371 nouveaux cas lors des dernières 24 heures, alors que la Russie avait connu début mai des niveaux dépassant quotidiennement les 10 000 nouveaux cas.

Mais à Saint-Péterbourg, deuxième ville du pays et deuxième site le plus touché après Moscou et sa région, de nombreux malades du coronavirus continuent d’affluer, selon plusieurs sources.

Natalia, une ambulancière, a indiqué jeudi à l’AFP que « le flux des contaminés ne cessait pas » dans son unité du sud de l’ancienne capitale impériale. « Nos ambulances peuvent rouler jusqu’à sept heures avant de trouver une place pour un patient souffrant du Covid », a-t-elle affirmé, sous couvert d’anonymat.

« Les hôpitaux sont pleins à craquer. Je ne crois trop aux chiffres officiels, ça ne correspond pas à qu’on voit tous les jours », a poursuivi la soignante.

Interrogé par le journal Métro, Sergueï Sayapine, médecin à l’hôpital Pokrovskaïa de Saint-Pétersbourg, a lui évoqué des patients « étendus sur des chaises longues, sans matelas ni oreillers » dans son établissement surchargé.

Vendredi, le gouverneur de la ville, Alexandre Beglov, avait indiqué ne pas constater « de tendance au recul de l’épidémie ».

Selon lui, seuls 11 % des 11 000 lits destinés aux patients souffrant de la COVID-19 étaient alors libres à Saint-Pétersbourg, où 23 hôpitaux accueillent ce type de malades.  

À Moscou, les autorités ont observé une baisse du nombre de contaminations et annoncé la levée le 1er juin de plusieurs restrictions imposées depuis deux mois, autorisant par exemple la réouverture de certains commerces et, sous condition, les sorties en promenade.

Dans les autres régions, la situation est variable, certaines ayant commencé un déconfinement prudent dès le 12 mai.

Le président russe Vladimir Poutine s’est félicité de la situation, jugeant que si l’épidémie avait été freinée, c’était parce que « nous avons agi de manière proactive ».

Les autorités expliquent le faible taux de mortalité en Russie comparé à l’Europe occidentale par des mesures prises très tôt, une politique de dépistage massif de la population et une restructuration rapide du système hospitalier.

Des critiques ont toutefois mis en doute la sincérité des chiffres officiels, accusant Moscou de sciemment sous-estimer le nombre de morts de la COVID-19, ce que les autorités démentent.