(Rome) Un Italien de 78 ans est le premier Européen décédé après avoir été infecté par le nouveau coronavirus en Italie, où une partie du nord de pays se barricade après plusieurs cas de contaminations.

L’homme était hospitalisé depuis une dizaine de jours en Vénétie, dans le nord de l’Italie, pour une maladie non liée au coronavirus, a indiqué vendredi soir le ministre de la Santé Roberto Speranza.

Adriano Trevisan, maçon retraité, était l’une des deux personnes infectées en Vénétie, tandis que cinq médecins et dix autres personnes ont également été identifiés comme porteurs du nouveau coronavirus en Lombardie. Ils fréquentaient apparemment le même bar et le même groupe d’amis.

Cette vague de contaminations a contraint les autorités italiennes à prendre des mesures drastiques.

PHOTO LUCA BRUNO, AP

Du personnel réceptionne de nouveaux lits destinés à l’hôpital de Codogno, près de Lodi, dans le nord de l’Italie.

Au total, 20 cas de contamination ont été recensés en Italie, pays le plus touché en Europe par l’épidémie de pneumonie virale qui a démarré en Chine en décembre.

Bars, écoles, églises ou encore stades : les lieux publics ont été fermés vendredi pour une semaine dans onze villes du nord de l’Italie. La mesure touche aussi les bibliothèques, les mairies, les magasins ainsi que les nombreux défilés de carnavals organisés en cette période de l’année.

Cette décision a été prise par le ministère de la Santé après qu’un premier foyer autochtone italien a été identifié à Codogno, près de Lodi, avec la contamination de 14 personnes, dont un homme de 38 ans hospitalisé depuis mercredi.  

Dans cette zone située à environ 60 km au sud-est de Milan, plus de 50 000 personnes sont en semi-confinement à domicile. En outre, 40 stades et salles de sports seront fermés aux matchs de foot amateurs ainsi que les lieux de culte.

« Nous demandons en gros aux habitants de rester chez eux dans les zones touchées par l’épidémie », a expliqué le ministre de la Santé lors d’une conférence de presse à Rome avec des représentants de la région Lombardie.

En Vénétie, le président de la région, Luca Zaia, a parlé de deux « cas suspects » âgés de 78 et 67 ans, dont une personne « en condition critique » et « placée en soins intensifs », à Vo’Euganeo, ville proche de Padoue pratiquement en quarantaine. Même si le ministère de la Santé a indiqué que ces cas n’étaient pas confirmés comme dus au nouveau coronavirus.  

Le premier ministre Giuseppe Conte, interrogé à Bruxelles par la presse italienne, s’est voulu rassurant en soulignant que l’Italie « applique un très haut niveau de précaution ».

Les médias ont montré des rues désertes notamment à Codogno, localité de 15 000 habitants proche de Lodi, où six nouveaux cas italiens ont été détectés et qui a été la première à tout fermer, y compris les magasins d’alimentation.  

« Incroyable »

« C’est incroyable : maintenant la (situation de la) Chine que nous voyions à la télévision, c’est chez nous », a confié le propriétaire d’une boulangerie interrogé par l’agence Agi.

Environ 250 personnes dont 70 médecins et aide-soignants ont été placées à l’isolement, le temps de les soumettre à des tests, après qu’elles aient été en contact avec les 14 cas de Lombardie.

Le maire de Codogno, Francesco Passerini, a expliqué sa décision par « la situation d’alarme sur le territoire de la commune » après la découverte de six premiers cas de contagion.

Le premier cas de Codogno, un Italien de 38 ans, cadre chez Unilever, est hospitalisé en soins intensifs, mais va un peu mieux. Son épouse enceinte de 8 mois, un ami avec lequel il jouait au football et trois personnes qui fréquentaient un bar dans la petite ville proche de Castiglione d’Adda, font partie des cas avérés.

En début de soirée, le ministre Roberto Speranza a annoncé que 14 personnes avaient été testées positives en Lombardie, toutes autour de Codogno, dont cinq médecins qui avaient soigné ce cadre. Toutes n’ont pas encore fait le deuxième test de confirmation.

Les autorités sanitaires de la Lombardie n’ont pas identifié avec certitude la personne à l’origine de la contagion, mais ce pourrait être un Italien rentré de Chine en janvier qui aurait dîné à plusieurs reprises avec le cadre de 38 ans.

Les 60 employés du siège local d’Unilever à Casalpusterlengo ont été également soumis à des tests de détection du virus.

L’Italie ne comptait jusqu’à présent que trois cas de coronavirus, tous contractés hors du pays et soignés à Rome, parmi lesquels deux touristes chinois placés à un moment en thérapie intensive, mais dont l’état s’est nettement amélioré ces derniers jours.  

En outre, un Italien contaminé par le nouveau coronavirus et qui se trouvait sur le bateau de croisière Diamond Princess au Japon est en cours de rapatriement avec un groupe d’autres passagers italiens.