(Londres) Les 39 migrants retrouvés morts fin octobre dans un camion frigorifique près de Londres sont de nationalité vietnamienne, a confirmé jeudi la police de l’Essex (sud du Royaume-Uni), les familles endeuillées attendant désormais le rapatriement des corps.

La police a indiqué à l’AFP que les victimes – 31 hommes et huit femmes – ont toutes été identifiées et sont de nationalité vietnamienne. Leurs familles ont été prévenues, a-t-elle précisé dans un communiqué, en transmettant ses « pensées pour les familles et les amis de ceux dont le voyage tragique s’est terminé sur nos côtes ».

La découverte des corps avait provoqué une forte émotion et mis en lumière les voies migratoires clandestines très organisées entre le Vietnam et l’Europe.

Dans un premier temps, la police avait pensé que les victimes étaient chinoises, avant que des familles se manifestent au Vietnam, inquiètes pour leurs proches.

« Je meurs »

« Hier, le ministère m’a appelé et m’a dit que mon fils Luong figurait parmi les victimes. Notre espoir désormais est que mon fils soit vite ramené à la maison », a déclaré jeudi à l’AFP Nguyen Dinh Gia, père de Nguyen Dinh Luong.

Parmi les migrants disparus, Pham Thi Tra My, 26 ans, avait envoyé un SMS glaçant à ses proches, quelques heures avant la découverte des corps.

« Maman, papa, je vous aime très fort. Je meurs, je ne peux plus respirer », a écrit My, qui avait quitté le Vietnam le 3 octobre, obligée de s’endetter pour payer son voyage.

Dans une lettre aux familles endeuillées, le premier ministre vietnamien Nguyen Xuan Phuc a fait part de la « douleur infinie des familles de victimes, mais aussi la douleur commune de toute la communauté, de chaque Vietnamien et des gens partout dans le monde ». Il a exprimé sa volonté de « ramener rapidement les victimes dans leur pays, à leurs familles et leurs proches ».

Dans un communiqué, l’ambassade du Vietnam a transmis jeudi sa « profonde tristesse concernant la mort de 39 Vietnamiens dans l’Essex le 23 octobre 2019 », date de la découverte des corps. Elle a assuré les proches des victimes de son soutien pour ramener les dépouilles des victimes au Vietnam.

Arrestations au Royaume-Uni et au Vietnam

Plusieurs personnes ont été arrêtées dans le cadre de cette affaire, au Vietnam comme au Royaume-Uni.

Au Royaume-Uni, le chauffeur du camion frigorifique, originaire d’Irlande du Nord, a été inculpé d’homicide involontaire, de blanchiment d’argent et de complot en vue de favoriser une immigration illégale.  

À Dublin, un autre Irlandais du Nord, qui serait en lien avec cette affaire, a comparu devant la Haute Cour de justice d’Irlande pour entamer une procédure d’extradition vers le Royaume-Uni.

Trois autres personnes ont été arrêtées et libérées sous caution par la police britannique qui recherche aussi deux frères originaires d’Irlande du Nord, soupçonnés d’homicide involontaire et de trafic d’êtres humains.  

Au Vietnam, onze personnes ont été interpellées dans le cadre de cette enquête. Aucune n’a officiellement été inculpée.

Le ministère vietnamien de la Sécurité publique a précisé jeudi que les victimes étaient originaires de six provinces vietnamiennes.

Plusieurs familles de victimes présumées avec lesquelles l’AFP s’est entretenue ont expliqué que leurs proches, originaires de régions isolées, espéraient une vie meilleure à l’étranger.  

Certaines familles ont dit s’inquiéter de devoir rembourser des milliers de dollars de dette contractée par leurs enfants pour entreprendre le voyage vers l’Europe.

Le périple des candidats à l’immigration vers l’Europe peut s’avérer extrêmement risqué, en particulier la dernière étape au Royaume-Uni puisque la plupart des migrants passent en se cachant dans des camions.  

Le conteneur où ont été retrouvées les victimes était arrivé par traversier au port de Purfleet, sur la Tamise, en provenance de Zeebruges, en Belgique.  

Une fois au Royaume-Uni, de nombreux Vietnamiens finissent par travailler dans des bars à ongles ou dans des exploitations de cannabis, gagnant des salaires servant à rembourser leurs passeurs et envoyer de l’argent chez eux.