(Kiev) Quelque 12 000 personnes, selon la police, ont défilé lundi à Kiev, accusant le président ukrainien Volodymyr Zelensky de préparer une « capitulation » face aux séparatistes prorusses et à la Russie dans le cadre du processus de paix.  

Les manifestants, en majorité des nationalistes, des vétérans de la guerre dans l’Est et des membres d’organisations paramilitaires, se sont rassemblés dans le centre de Kiev pour cette marche, scandant notamment des slogans hostiles au chef de l’État, selon une journaliste de l’AFP.

Zelensky « Dégage ! », « À bas les traîtres », « Non à la capitulation », ont-ils notamment déclamé, à grand renfort de fumigènes et chantant l’hymne ukrainien.

Ils ont également repris des slogans contre la langue russe, très parlée en Ukraine, une ex-république soviétique, en particulier dans l’Est et le Sud du pays.

« Nous voulons la victoire et non pas de paix à n’importe quel prix. Seule la victoire n’a pas de prix », a déclaré à l’AFP Oleksiï Kaïda, un responsable du parti d’extrême droite Svoboda, l’un des organisateurs de la manifestation.

« Nos soldats sont morts et continuent de mourir pour la sixième année, les civils aussi. Nous n’abandonnerons pas notre pays », a abondé Mykola, qui a combattu dans l’Est en 2015-2016.

Le rassemblement était organisé à l’occasion du Jour du défenseur de l’Ukraine, jour férié marquant depuis 2015 la fondation de l’Armée insurrectionnelle ukrainienne (UPA), une organisation militaire controversée des années 1940 et 1950.

En déplacement lundi auprès de militaires dans l’Est, M. Zelensky a pour sa part voulu dire « merci pour (leur) courage » aux soldats, insistant sur « l’électrochoc » qu’ont représenté pour l’Ukraine « les morts, les bombardements ». Il n’a pas fait référence aux accusations de ses détracteurs.

L’Ukraine est confrontée depuis 2014 à un conflit dans l’Est contre des séparatistes prorusses, soutenus par Moscou selon Kiev et les Occidentaux, qui a fait près de 13 000 morts.

Des accords de paix signés à Minsk en 2015 ont permis une réduction drastique des violences, mais leur volet politique n’a jamais été appliqué.

Au point mort depuis des années, le processus de paix a connu ces derniers mois de timides avancées.

L’élection à la présidence en avril de Volodymyr Zelensky, un acteur novice en politique, a permis une reprise du dialogue avec la Russie, qui a débouché en septembre sur un important échange de prisonniers.

Les autorités de Kiev ont également validé un texte évoquant une autonomie accrue des régions rebelles, un sujet explosif en Ukraine et considéré comme une concession inacceptable par une partie de la population.

Accusé de « capitulation » par les nationalistes, le président ukrainien n’a eu cesse de se défendre en insistant que cette autonomie ne pourrait être que le résultat d’élections libres et une fois les rebelles désarmés. Une première manifestation contre ce projet avait rassemblé au moins 10 000 personnes à Kiev début octobre.