(Londres) La sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne à la fin du mois reste la « priorité » du gouvernement britannique, a déclaré lundi le premier ministre Boris Johnson dans le traditionnel discours du trône lu par la reine Élisabeth II, au moment où les négociations pour parvenir à un accord de Brexit abordent une semaine cruciale.

À un peu plus de deux semaines de l’échéance prévue, Londres et Bruxelles peinent à surmonter leurs désaccords pour éviter un « no deal » douloureux économiquement. Mais Boris Johnson, qui a promis un Brexit coûte que coûte en arrivant au pouvoir en juillet, a répété sa détermination dans ce discours marquant la rentrée parlementaire.

« La priorité de mon gouvernement a toujours été d’assurer une sortie du Royaume-Uni de l’Union européenne le 31 octobre. Mon gouvernement prévoit de travailler à la mise en place d’un nouveau partenariat avec l’Union européenne sur la base du libre-échange et d’une coopération amicale », a lu la reine de 93 ans, se faisant la porte-parole du gouvernement sous les ors de la chambre des Lords, au côté de son fils, le prince Charles.

L’événement suit un déroulé immuable avec arrivée en carrosse et costumes de cérémonie.  

Concernant les quelque 3,4 millions d’Européens vivant au Royaume-Uni, le gouvernement s’est engagé à ce qu’« ils aient le droit de rester », a déclaré Élisabeth II. Il souhaite en revanche mettre fin à la libre circulation des citoyens de l’UE après le Brexit, avec un système d’immigration à points dont l’entrée en vigueur est prévue pour 2021.

Corbyn dénonce une « farce »

Le programme du gouvernement, qui prévoit également de nouveaux régimes en matière de pêche, d’agriculture et de commerce après la sortie de l’UE, sera débattu ces prochains jours avant un vote programmé pour la semaine prochaine.

Il reste cependant très virtuel, d’une part parce que le gouvernement n’a plus de majorité au Parlement et d’autre part parce que des élections semblent inéluctables pour sortir de la crise politique dans laquelle le Brexit a plongé le pays.

Face à un Boris Johnson qui promet de faire du Royaume-Uni « l’endroit le plus formidable sur terre », le leader de l’opposition, le travailliste Jeremy Corbyn, a dénoncé devant la Chambre des communes une « farce », avec « un gouvernement qui a une majorité de moins 45 et a perdu 100 % » de ses votes devant les députés.

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Le travailliste Jeremy Corbyn, a dénoncé devant la Chambre des communes une « farce »

Ce programme reste par ailleurs très dépendant de la forme que prendra le divorce avec l’UE, toujours incertaine.

Depuis que son plan de sortie de l’Union européenne présenté début octobre a été rejeté par les Européens, Boris Johnson a transmis de nouvelles propositions à son homologue irlandais Leo Varadkar, dont très peu de détails ont filtré.

Londres et Bruxelles sont désormais engagés dans d’intenses négociations sur la manière d’éviter, après le Brexit, un retour à une frontière physique entre la province britannique d’Irlande du Nord et la République d’Irlande, membre de l’UE, et ainsi préserver la paix sur l’île qui a connu plusieurs décennies de violences.

Sommet européen

« Un accord est possible et c’est possible ce mois-ci. C’est peut-être même possible cette semaine, mais nous n’y sommes pas encore », a estimé le chef de la diplomatie irlandaise Simon Coveney au Luxembourg lundi, à 17 jours du départ prévu du bloc européen.

Il reste très peu de temps : les dirigeants européens se réuniront jeudi et vendredi pour un sommet à Bruxelles et tenteront d’éviter une sortie de l’UE sans accord ou un troisième report prolongeant l’incertitude sur la voie que suivra le Royaume-Uni après 46 ans dans le giron européen.  

S’il parvient à conclure un accord, le chef du gouvernement britannique aura encore la lourde tâche de convaincre le Parlement, très divisé sur le Brexit, entre partisans du maintien de liens étroits avec l’UE et zélateurs d’une coupure nette.  

Les députés, qui avaient rejeté par trois fois l’accord négocié par l’ex-première ministre Theresa May, tiendront une séance extraordinaire le 19 octobre.

Faute d’accord d’ici là, une loi votée en septembre impose à Boris Johnson de demander un report du Brexit de trois mois. Celui-ci l’exclut catégoriquement, après déjà deux ajournements. Il n’a cependant jamais dit comment il pourrait s’y soustraire.

Cette requête en vue de repousser la date du divorce devra être approuvée à l’unanimité par les États membres de l’UE.