(Londres) Ils faisaient venir leurs victimes de Pologne en leur faisant miroiter du travail : des membres d’un gang à la tête du plus vaste réseau d’esclavage moderne jamais vu au Royaume-Uni ont été condamnés vendredi à des peines allant de trois à 11 de prison ferme.

«C’est la plus grosse affaire d’esclavage jamais vue au Royaume-Uni», a déclaré sur Twitter la police des West Midlands, région du centre de l’Angleterre où sévissait le gang, évoquant quelque 400 victimes.

L’un de ses membres «roulait en Bentley» tandis que ses victimes devaient «travailler pour une bouchée de pain dans des centres de recyclage» ou «des fermes», a-t-elle ajouté.

Trois membres du réseau ont été condamné vendredi à trois ans, six ans et demi et 11 ans de prison par la Cour royale de Birmingham. À l’issue d’un premier procès qui s’était achevé en février, cinq autres membres avaient été condamnés à des peines comprises entre quatre ans et demi et 11 ans d’emprisonnement.

Les huit condamnés, cinq hommes et trois femmes, tous originaires de Pologne, ont été reconnus coupables d’esclavage moderne et de blanchiment d’argent.

Le réseau avait pu être démantelé grâce à l’intervention de l’organisation Hope for Justice, spécialisée dans la lutte contre l’esclavage moderne, qui avait découvert son existence, puis signalé ses agissements à la police.

Suivant un mode opératoire classique dans ce type d’affaires, le gang attirait ses victimes, âgées de 17 à plus de 60 ans, en leur promettant des emplois bien payés au Royaume-Uni.

Mais une fois sur place, elles se retrouvaient dans des conditions d’hébergement sordides et étaient exploitées, avec des salaires ne dépassant parfois pas les 50 cents par jour.

«Certains sans-abri au Royaume-Uni vivaient mieux que moi quand je suis arrivé ici», a témoigné l'une des victimes devant la justice britannique.

Selon la police, «certaines (victimes) ont dû récupérer des matelas dans la rue pour dormir, d’autres devaient se laver dans le canal». «Le gang contrôlait leurs comptes bancaires, volait leurs salaires et s’est fait deux millions de livres sur leurs souffrances».

Le réseau ciblait notamment les personnes en situation de vulnérabilité, allant jusqu’à faire les sorties de prison en Pologne pour trouver des candidats au départ.