(Cité du Vatican) Le pape François a appelé samedi les journalistes à rester « humbles » en prenant le temps de vérifier les informations avec rigueur, pour ainsi éviter « d’écouler la nourriture avariée de la désinformation ».

« Dans une période où beaucoup diffusent des “fake news”, l’humilité empêche d’écouler la nourriture avariée de la désinformation et invite à offrir le bon pain de la vérité », a déclaré le pape argentin, qui recevait samedi au Vatican des membres de l’association de la presse étrangère en Italie.  

Il faut « résister pour ne pas publier une nouvelle insuffisamment vérifiée », « ne pas se laisser dominer par la précipitation, chercher à s’arrêter, trouver le temps nécessaire pour comprendre », a-t-il préconisé.

Le pape, qui distille régulièrement des conseils aux journalistes, a beaucoup insisté samedi sur « l’humilité, clef de voûte », selon lui, du journalisme.

PHOTO FOURNIE PAR LE VATICAN VIA REUTERS

« Chacun sait combien la recherche de la vérité est difficile et demande de l’humilité. Et qu’il est plus facile ne pas trop se poser de questions, se contenter des premières informations, simplifier, rester dans la superficialité, dans l’apparence, se contenter de solutions évidentes qui n’impliquent pas la fatigue d’une enquête capable de montrer la complexité de la vraie vie », a-t-il décrit, critiquant ceux qui pensent « tout savoir d’emblée ».

L’humilité implique d’être « conscients qu’à travers un article, un tweet, un direct télévisé ou radiophonique on peut faire le bien mais aussi, si l’on n’est pas attentif et scrupuleux, le mal », a-t-il prévenu.

« Une rectification est toujours nécessaire quand on se trompe », a-t-il rappelé, « surtout lorsqu’à travers l'internet une information fausse peut se diffuser au point d’apparaître authentique ».  

Dans une période de « langage violent » et de « paroles hostiles », tout particulièrement sur les réseaux sociaux, il faut en outre « calibrer le langage », se souvenir que « toute personne a sa dignité ».

Le pape a par ailleurs assuré aux journalistes qu’ils bénéficiaient de « l’estime de l’Église », y compris quand ils « remuent le couteau dans la plaie et la communauté ecclésiale souffre malheureusement d’une plaie », dans une apparente allusion à la série de scandales sexuels au sein de l’Église. « Votre travail est précieux car il contribue à la recherche de la vérité, et seule la vérité rend libre », a-t-il ajouté.

Il a aussi demandé à la presse de parler « des guerres oubliées par la société ». « Qui parle encore de Rohingya ? Qui parle aujourd’hui de Yézidis ? Ils sont oubliés et ils continuent à souffrir », a-t-il regretté.