Les élus britanniques ont infligé mardi un revers sans précédent au gouvernement de Theresa May, l'accusant d'outrage au Parlement pour avoir refusé de dévoiler l'intégralité de l'avis juridique rédigé par le procureur général Geoffrey Cox concernant le Brexit.

C'est la première fois qu'un gouvernement britannique est reconnu coupable d'outrage au Parlement. Le gouvernement de Mme May a annoncé, en réaction à cette réprimande, que l'avis juridique de M. Cox serait rendu public mercredi.

Un responsable du plus haut tribunal de l'Union européenne a par ailleurs prévenu mardi que Londres aurait le droit de changer d'idée unilatéralement au sujet du Brexit.

L'opinion de l'avocat général de la Cour européenne de Justice, Manuel Campos Sanchez-Bordona, a immédiatement avivé les espoirs de ceux qui espèrent toujours empêcher le divorce entre le Royaume-Uni et l'UE.

Le gouvernement de Mme May répète qu'il ne reviendra jamais sur sa décision de quitter l'UE, mais les parlementaires britanniques doivent voter la semaine prochaine sur l'entente intervenue entre Londres et Bruxelles. Des débats difficiles attendent Mme May au cours des prochains jours et plusieurs observateurs prédisent que sa défaite au Parlement est inévitable.

Un tel scénario de Brexit chaotique « sans accord » pourrait mener au renversement de Mme May, de son gouvernement, voire les deux.

M. Sanchez-Bordona a déclaré à la Cour européenne de Justice qu'une décision du gouvernement britannique de renoncer unilatéralement au Brexit serait juridiquement valide. Le tribunal se rallie habituellement, mais pas toujours, à l'avis de l'avocat général.

Le tribunal étudie la question en accéléré à la demande de parlementaires écossais, puisque le Royaume-Uni doit sortir de l'Union européenne le 29 mars. Une décision finale est attendue au cours des prochaines semaines.

Le Conseil européen et la Commission européenne sont contre l'idée d'une révocation unilatérale de l'Article 50, qui concerne le retrait d'un membre de l'UE, et considèrent que cela nécessiterait l'accord unanime des 27 autres États membres.

La Banque d'Angleterre a prévenu la semaine dernière qu'un divorce sans accord pourrait avoir des répercussions catastrophiques sur l'économie du Royaume-Uni, qui pourrait reculer de 8 % dans les mois suivants le 29 mars.

Le gouverneur Mark Carney a ajouté mardi que la facture d'épicerie des consommateurs britanniques pourrait augmenter de 10 %, advenant que le pire scénario imaginable se concrétise et que la livre sterling perde 25 % de sa valeur.