Ioulia Skripal, empoisonnée en mars en Angleterre avec son père, l'ex-espion Sergueï Skripal, a déclaré dans une vidéo diffusée mercredi qu'elle souhaitait rentrer en Russie, mais voulait d'abord se rétablir.

«Je suis sortie de l'hôpital le 9 avril, mais mon traitement continue», affirme la jeune femme de 33 ans dans cette vidéo communiquée à l'agence Reuters et diffusée par la télévision russe. «Dans le futur, je souhaite rentrer chez moi dans mon pays».

Vêtue d'une robe bleue, une large cicatrice à la base du cou, elle esquisse un sourire avant de s'exprimer en russe, exprimant sa reconnaissance aux diplomates russes tout en disant qu'elle n'est «pas prête» à accepter à ce stade l'aide de l'ambassade russe.

«Je ne veux pas rentrer dans les détails mais je voudrais juste dire que le traitement était lourd et profondément déprimant», dit-elle dans cette première apparition médiatique depuis son empoisonnement à Salisbury le 4 mars.

La jeune femme, qui est sous la protection des autorités britanniques, dit avoir été dans le coma pendant 20 jours. «Quand je me suis réveillée j'ai appris que nous avions tous les deux été empoisonnés».

Sergueï Skripal et sa fille, qui lui rendait visite, avaient été retrouvés inconscients le 4 mars sur un banc à Salisbury, où vit l'ex-agent double de 66 ans.

Ancien colonel du service de renseignement de l'armée russe, Sergueï Skripal avait été accusé de «haute trahison» pour avoir vendu des informations au renseignement britannique, et condamné en 2006 à 13 ans de prison. En 2010, il avait fait l'objet d'un échange de prisonniers entre Moscou, Londres et Washington, et s'était installé en Angleterre.

«Très chanceux»

«J'essaye de prendre un jour après l'autre et je veux aider mon père jusqu'à ce qu'il se remette complètement». Sergueï Skripal est sorti le 18 mai de l'hôpital où il était soigné. Le président russe Vladimir Poutine a commenté sa sortie d'hôpital en souhaitant que l'ex-agent double reste en «bonne santé», et en mettant en doute le fait qu'il ait été empoisonné à l'aide d'un agent innervant.

«Ma vie a été bouleversée et maintenant j'essaye de m'accoutumer aux changements incroyables dans ma vie, tant physiques qu'émotionnels», explique Ioulia Skripal. «Ma récupération et celle de mon père restent mes priorités».

Le jeune femme se dit «choquée» qu'un agent neurotoxique ait été utilisé. «Nous avons été très chanceux de survivre à cette tentative d'assassinat».

L'empoisonnement de Sergueï Skripal et de sa fille Ioulia a provoqué une grave crise diplomatique entre Londres, soutenue par ses alliés occidentaux, et Moscou, accusée d'être responsable de l'attaque, mais qui nie vigoureusement toute implication.

Cette crise s'est traduite par la plus importante vague d'expulsions croisées de diplomates de l'Histoire.

Après la diffusion du témoignage de Ioulia Skripal, l'ambassade russe à Londres s'est réjouie de voir que la jeune femme soit «en bonne santé», tout en insistant pour que des diplomates russes puissent avoir accès à elle.

«Le Royaume-Uni a l'obligation de nous donner l'opportunité de parler directement à Ioulia pour nous assurer qu'elle n'est pas retenue contre son gré et ne fait pas de déclarations sous la contrainte», affirme l'ambassade dans un communiqué. «Pour le moment nous avons des raisons de penser le contraire».