Un homme originaire des Émirats arabes unis, expulsable après que sa demande d'asile a été refusée, a tué vendredi au couteau une personne et en a blessé six autres à Hambourg (Allemagne) en criant «Allah Akbar», un acte qualifié d'«attentat» par le maire.

Si la piste islamiste se confirmait, il s'agirait du premier attentat de ce type en Allemagne depuis décembre, lorsque le Tunisien Anis Amri avait foncé sur la foule d'un marché de Noël à Berlin, faisant 12 morts et 48 blessés.

L'attaque de Hambourg rappellerait aussi par son mode opératoire celle du 3 juin à Londres : trois assaillants avaient renversé des piétons sur le London Bridge avant d'attaquer au couteau passants et fêtards dans le quartier animé de Borough Market, tuant huit personnes.

Alors que la police allemande reste encore prudente sur les motivations de l'agression au couteau survenue dans une rue très commerçante de la ville portuaire du nord de l'Allemagne, le maire l'a qualifiée dans la soirée d'«attentat».

«Attentat odieux»

«Je suis scandalisé par l'attentat odieux qui a causé la mort d'au moins un habitant de Hambourg», a indiqué Olaf Scholz dans un communiqué.

«Ces criminels veulent empoisonner notre société libre par la peur, mais ils vont échouer», a dit le maire.

Il a aussi révélé qu'il avait été commis par un demandeur d'asile, un homme de 26 ans originaire des Emirats arabes unis, de surcroît en instance d'expulsion mais qui n'a pu être reconduit à la frontière faute de documents d'identité en règle.

«Ce qui me rend encore plus en colère est que l'auteur est manifestement quelqu'un qui cherchait refuge en Allemagne et qui a détourné sa haine contre nous», a souligné le maire social-démocrate.

Ce point risque de relancer la polémique en Allemagne sur l'accueil de plus d'un million de migrants depuis 2015, suite à l'ouverture des frontières par la chancelière conservatrice Angela Merkel, et ce à moins de deux mois des élections législatives.

Le Tunisien responsable de l'attentat de Berlin en décembre était dans une situation juridique identique à celle l'auteur de l'attaque au couteau de Hambourg.

Selon le quotidien Tagesspiegel, l'agresseur était connu de la police pour son fanatisme religieux.

Mais selon le site internet du magazine Der Spiegel, l'homme, présenté comme Ahmad A., était aussi connu pour avoir des problèmes psychologiques et consommer de la drogue. Il vivait dans un centre de migrants de Hambourg.

L'assaillant a fait irruption vendredi après-midi dans un supermarché d'un quartier populaire de la ville et tué un homme de 50 ans au couteau. Il a ensuite pris la fuite et blessé cinq autres personnes en frappant au hasard dans la rue sur son passage, avant d'être maîtrisé par des passants.

Bilan : six personnes blessées, en partie «grièvement», une femme et cinq hommes âgés de 19 à 64 ans, dont l'un l'a été en tentant de maîtriser l'agresseur, selon la police.

«Mauvais film»

Car des passants se sont engagés dans une course poursuite, pour finalement le rattraper.

Plusieurs témoins de la scène ont affirmé aux médias allemands que l'agresseur avait crié «Allah Akbar!» («Dieu est le plus grand») sur son passage.

«On s'est levé d'un coup et on a vu passer un homme avec un énorme couteau à la main, type couteau à viande», a raconté à l'AFP Ralph Woyna, un habitant du quartier.

«Des clients ont alors pris tout ce qu'il y avait de chaises dans le café et l'ont pourchassé (...) j'ai entendu au loin un cri Allah Akbar, du coup j'ai tout de suite compris que c'était un attentat», a-t-il ajouté.

«J'ai cru que j'étais dans un mauvais film, j'ai pensé qu'il allait me poignarder», a dit une cliente du supermarché à la chaîne n-tv. Il tenait «un couteau gigantesque», a-t-elle raconté, en montrant une longueur de 50 centimètres environ.

Le quotidien allemand Bild a publié sur son site internet une photo de l'assaillant assis sur le siège arrière d'une voiture de police, avec un sac blanc et couvert de sang posé sur sa tête.