Donald Trump a sévèrement critiqué la Russie jeudi à Varsovie, au premier jour de sa tournée européenne, et s'est inquiété de l'avenir même de l'Occident, à quelques heures de sa première rencontre avec Vladimir Poutine.

Prenant la parole dans la capitale polonaise, le président américain a aussi affirmé son attachement à l'OTAN, dont l'expansion vers l'Est est mal vue par Moscou.

«Déstabilisateur»

Les États-Unis, a-t-il dit, travaillent avec leurs alliés pour s'opposer «aux actions de la Russie et à son comportement déstabilisateur», citant notamment le conflit en Ukraine, le soutien russe à l'Iran et à la Syrie.

Ces attaques contre Moscou ont été lancées à quelques heures de la première rencontre entre M. Trump et Vladimir Poutine, prévue vendredi à Hambourg en marge du sommet du G20.

Donald Trump est arrivé dans le port du nord de l'Allemagne jeudi après-midi pour participer vendredi et samedi à un deux jours de sommet tendus en raison des crises diplomatiques et des désaccords de fond entre les États-Unis et les autres pays sur le climat et le commerce.

Il a commencé ses rencontres par une réunion avec la chancelière Angela Merkel en début de soirée.

La rencontre entre les chefs d'État américain et russe sera un des temps forts du sommet compte tenu des mauvaises relations entre les deux pays sur fond d'enquête sur l'influence russe dans l'entourage de M. Trump.

Ce dernier a admis à Varsovie que la Russie avait pu s'immiscer dans l'élection présidentielle de 2016.

«Je l'ai dit très simplement. Je pense que cela a pu fort bien être la Russie. Je pense que cela a bien pu être d'autres pays», a dit M. Trump.

Dans son discours, M. Trump a par ailleurs brossé l'image d'un Occident confronté à des défis existentiels, à la nécessité de «défendre notre civilisation» contre le terrorisme, à la bureaucratie et à l'érosion des traditions.

«Survie de l'Occident»

«La question fondamentale de notre époque est celle de savoir si l'Occident a la volonté de survivre», a-t-il poursuivi.

Dans un même souffle, il a assuré que «le peuple polonais, le peuple américain et les peuples d'Europe s'exclament: «nous avons soif de Dieu»».

M. Trump s'est aussi employé à rassurer ses alliés européens et de l'OTAN.

«Les États-Unis ont prouvé, non seulement avec des mots, mais avec des actes, que nous appuyons fermement l'article 5» du traité de l'OTAN, a-t-il dit, un mois et demi après une intervention à Bruxelles où il avait délibérément choisi de ne pas réaffirmer l'engagement américain à respecter l'article 5 qui porte sur la défense mutuelle.

«Le lien transatlantique entre les États-Unis et l'Europe est toujours fort, et peut-être, à certains égards, même plus fort que jamais», a-t-il ajouté face à une quinzaine de milliers de Polonais venus l'écouter sur une place de Varsovie.

Parmi eux, Jan Stopowski, 80 ans, venu «car il faut resserrer les relations polono-américaines, surtout sur le plan militaire, car l'Est est expansif».

Sur la Corée du Nord, M. Trump a appelé «toutes les nations à affronter cette menace globale et à montrer publiquement à la Corée du Nord qu'il y a des conséquences de son très, très mauvais comportement».

Washington pense à des mesures «fort sévères», a ajouté le président américain, mais en précisant aussitôt que «cela ne veut pas dire que nous le ferons».

Un dîner est prévu jeudi soir à Hambourg sur le sujet, réunissant le président américain, coréen, le premier ministre japonais, mais pas Xi Jinping, le président chinois.

Washington reproche à Pékin de ne pas faire assez pression sur Pyongyang alors que la Chine demande aux États-Unisde cesser ses exercices militaires en Corée du Sud.

Il s'agit du deuxième séjour en Europe du président Trump, qui est accompagné lors de cette tournée par sa femme Melania, sa fille Ivanka et son gendre Jared Kushner.

Le premier voyage, en mai, avait révélé la profondeur de la méfiance entre les deux rives de l'Atlantique.

Des heurts ont éclaté entre la police et des manifestants anti-G20 à Hambourg en fin de journée.

Quelques organisations de gauche ont annoncé des manifestations pour protester contre la politique de Trump, et même contre son attitude envers les femmes, mais elles devraient se dérouler loin des lieux visités par le président américain.