Une femme française qui a été reconnue coupable du meurtre prémédité de son mari prétendument violent s'est vu accorder le pardon présidentiel, mercredi, au terme d'une saga judiciaire qui a attiré l'attention du public français sur les cas de violence conjugale.

Deux heures après que le président de la France, François Hollande, l'eut pardonnée, Jacqueline Sauvage a quitté la prison du sud-ouest de Paris où elle a été détenue pendant plus de trois ans à bord d'une berline grise foncée.

Deux jurys distincts ont condamné Mme Sauvage à purger dix ans d'emprisonnement pour avoir abattu son mari, Norbert Marot, en ouvrant le feu trois fois dans le dos de ce dernier avec un fusil de chasse, en 2012. Elle avait plaidé, dans les deux procès qui se sont déroulés en 2014 et 2015, que son mari l'avait battue pendant 47 ans. Les filles du couple ont aussi témoigné que leur mère était victime de violence conjugale.

Aucune d'entre elles n'avait déposé de plainte en ce sens ni Mme Sauvage. Les trois femmes ont raconté s'être senties trop humiliées pour demander de l'aide alors qu'elle subissait des sévices sexuels derrière les portes closes.

Selon un communiqué diffusé par l'Élysée, le président Hollande a décidé que «la place de Mme Sauvage n'était plus aujourd'hui en prison, mais auprès de sa famille».

De nombreux défenseurs des droits des femmes, politiciens et d'autres sympathisants à la cause venus de partout en France se sont mobilisés pour soutenir Mme Sauvage. Dans une pétition signée par des centaines de milliers de personnes, on demandait à ce que le pardon présidentiel lui soit accordé.

L'une des avocates de Mme Sauvage, Nathalie Tomasini, a affirmé sur les ondes de la radio RTL que M. Hollande envoyait «un message très fort» à toutes les femmes victimes de violence conjugale.

En janvier, le président français avait déjà accordé un pardon partiel à Mme Sauvage, lui ouvrant ainsi la possibilité de demander une libération conditionnelle. Deux tribunaux ont toutefois refusé de la libérer.

Mercredi, la présidente de la principale association syndicale de magistrats français a qualifié de «déplorable» la décision prise par M. Hollande.