La ville martyre de Srebrenica semble en passe d'être dirigée pour la première fois depuis 17 ans par un Serbe, Mladen Grujicic, qui a proclamé sa victoire à l'issue des municipales en Bosnie qui se sont tenues dimanche.

Son adversaire, le maire musulman sortant Camil Durakovic n'avait toutefois pas reconnu sa défaite, évoquant en fin de soirée un affrontement «très serré».

Le souvenir du conflit était très présent lors de ce scrutin qui s'est tenu dans un climat de tensions intercommunautaires.

Par ailleurs, le vote s'est tenu une semaine après un référendum des Serbes de Bosnie qui ont décidé de continuer à fêter leur «fête nationale», malgré le veto de la justice et l'émoi des Bosniaques.

À Velika Kladusa, une ville de 40 000 habitants dans le nord-ouest, un ancien chef de guerre musulman, Fikret Abdic, qui a purgé une peine pour crimes de guerre, semblait devoir l'emporter, selon les résultats préliminaires.

Âgé de 77 ans, Fikter Abdic, qui avait pactisé pendant le conflit avec les Serbes, contre les Bosniaques de Sarajevo, a recouvré la liberté en 2012 après dix ans en prison.

À Stolac, petite ville dans le sud où cohabitent les communauté croate et musulmane, le scrutin a été annulé après une bagarre dans un bureau de vote. Un candidat bosniaque, se plaignant de fraudes, s'en est pris violemment à un Croate qui supervisait le scrutin.

Dans la ville-symbole de Srebrenica, le candidat serbe Mladen Grujicic a remercié «tous les habitants (...) d'avoir fait preuve d'une grande responsabilité, d'avoir voté très nombreux et d'avoir montré qu'ils souhaitent les changements dans cette ville», a-t-il déclaré.

Les résultats officiels ne pourront toutefois pas être publiés dans la soirée pour cette ville parce qu'un nombre important d'électeurs y votent par correspondance. Et le dirigeant politique des Bosniaques musulmans, Bakir Izetbegovic, a affirmé croire que le sortant allait finalement l'emporter.

Une victoire de Mladen Grujicic serait vécue comme un affront pour les Bosniaques musulmans, 21 ans après le massacre de quelque 8000 d'entre eux en 1995 par les forces du général serbe Ratko Mladic.

Le dirigeant des Serbes de Bosnie, Milorad Dodik semble conforté par le scrutin une semaine après le référendum sur la «fête nationale» qu'il avait initié. Selon les résultats préliminaires, son parti, le SNSD, a notamment remporté Banja Luka, la capitale de l'entité serbe.

L'accord de Dayton, qui a mis fin à la guerre (1992-95, 100 000 morts), a consacré la division de la Bosnie en deux entités, serbe et croato-musulmane, reliées par un faible gouvernement fédéral.