Des milliers de pompiers restaient à pied d'oeuvre mercredi soir au Portugal et en Espagne pour combattre les importants feux de forêt qui menacent habitants et touristes, malgré une légère baisse des températures qui n'aura pas suffi à freiner l'avancée des flammes.

Au Portugal, plus de 3200 soldats du feu, assistés par des bombardiers d'eau, tentaient de venir à bout de près de 80 incendies qui ont réduit en cendres des milliers d'hectares de forêts et de broussaille, alors que le pays a subi une canicule record pour un mois de septembre.

Un incendie particulièrement dévastateur a frappé le Parc national de Peneda Gerês dans le nord, où deux hameaux encerclés par les flammes, Paradela et Varzea, ont été évacués temporairement dans la nuit, tandis que certains riverains prêtaient main forte aux pompiers.

«Nous étions cernés par les flammes, les gendarmes ont demandé à mon mari et à moi de quitter la maison, mais on a refusé», a raconté à la télévision Eva, 71 ans, une habitante de Paradela, qui a tenté de repousser les flammes avec son tuyau d'arrosage.

«Les pâturages ont brûlé, les bêtes n'ont plus de quoi manger. C'est une calamité pour le parc naturel, le seul au Portugal, et le tourisme», a déploré Helder Barros, adjoint du maire de la commune voisine d'Arcos de Valdevez.

Un feu de forêt a semé le désarroi à Proença-a-Nova, également dans le nord: «Nous avons vécu une après-midi dantesque. Deux hameaux ont dû être évacués» avant un relatif retour au calme dans la soirée, a expliqué le maire, Joao Lobo.

Un important brasier qui faisait rage depuis lundi à Boticas, où enfants et personnes âgées avaient été évacués d'un hameau mardi soir, était donné comme maîtrisé mercredi après-midi par la protection civile.

Selon le maire Fernando Queiroga, qui déplorait le manque de moyens déployés, environ 2000 hectares de forêt ont été consumés par l'incendie.

Relativement épargné en 2014 et 2015, le Portugal est durement touché par une vague d'incendies qui ont déjà brûlé, depuis le début de l'année, plus de 107 000 hectares sur son territoire continental.

Sur l'île touristique de Madère, où les feux ont fait trois morts en août, 5400 hectares sont partis en fumée.

«Assassins» 

Dans l'Espagne voisine, 39 000 hectares de forêts ont été ravagés entre janvier et fin août et, tout comme au Portugal, les autorités font la chasse aux incendiaires.

«La plupart des incendies les plus importants ont été causés par l'homme cette année», a déclaré mercredi la ministre espagnole de l'Agriculture, Isabel Garcia Tejerina.

Elle a cependant relativisé la situation, rappelant que la moyenne sur la période janvier-août, soit 78 000 hectares depuis 2006, n'avait pas été atteinte.

L'élue chargée du Milieu rural en Galice, Angeles Vázquez Mejuto, n'a pas hésité mardi à qualifier d'«assassins» ceux qui déclenchaient volontairement des incendies en pleine canicule et par grand vent.

Sept feux de forêt ont consumé près de 4000 hectares depuis lundi en Galice, selon les autorités. Les deux plus importants se sont déclenchés mardi.

Dans la commune de Oimbra, limitrophe avec le Portugal, les flammes ont parcouru 1500 hectares depuis mardi après-midi.

Pendant la nuit, des habitants évacués de quatre villages voisins ont afflué à Oimbra: «Les gens étaient effrayés, ils pleuraient, ils se serraient dans les bras», a témoigné Soco Colmenero, une employée de supermarché jointe par téléphone.

Dans l'est de l'Espagne, les pompiers de la région de Valence sont en revanche parvenus à stabiliser le feu qui avait entraîné dimanche l'évacuation de 1400 personnes à Benitachell, station balnéaire de la Costa blanca.