Mourad Hamyd, beau-frère d'un des assaillants de Charlie Hebdo, Chérif Kouachi, a été remis vendredi par les autorités bulgares à la France, où il sera présenté samedi à la justice antiterroriste, a-t-on appris de source judiciaire.

Un temps suspecté à tort d'être un complice des frères Kouachi après la tuerie du 7 janvier 2015, l'étudiant français de 20 ans a été livré à la France par la Bulgarie en exécution d'un mandat d'arrêt européen émis par un juge antiterroriste pour «association de malfaiteurs terroriste en vue de préparation d'actes de terrorisme».

Soupçonné d'avoir voulu rejoindre les rangs du djihad en zone turco-syrienne, Mourad Hamyd est arrivé à l'aéroport parisien de Roissy vers 20h, selon une source aéroportuaire.

Arrivé en Bulgarie le 26 juillet, il avait deux jours plus tard tenté de se rendre en Turquie, porte d'entrée pour les candidats au djihad. Refoulé par les autorités de ce pays où il est sous le coup d'une interdiction de territoire, le jeune homme avait été placé dans un centre de rétention en Bulgarie.

Devant les autorités bulgares, Mourad Hamyd, dont l'une des soeurs, Izzana, avait épousé Chérif Kouachi, a affirmé avoir seulement voulu faire du «tourisme» et n'entretenir «aucun lien» avec l'organisation Etat islamique (EI). Il avait accepté d'être remis à la France.

Le Français est arrivé en Bulgarie en train depuis la Hongrie et la Serbie, un trajet qui «correspond à celui habituellement emprunté par les volontaires djihadistes voulant rejoindre l'État islamique en Syrie ou en Irak», relève le mandat d'arrêt consulté par l'AFP, qui précise qu'il «avait déjà fait part de son intention de rejoindre la Syrie». Il avait été fiché pour radicalisation islamique en août 2014, selon une source policière.

Sa famille, qui le croyait en partance pour le Maroc, avait signalé sa «disparition inquiétante». La section antiterroriste du parquet de Paris avait ouvert le 29 juillet une enquête.

Le jeune homme avait fait parler de lui après l'attentat contre le journal satirique Charlie Hebdo, qui a fait 12 morts le 7 janvier 2015. Son nom avait circulé sur les réseaux sociaux, en même temps que celui des frères Kouachi, après la fuite sur internet d'un avis de recherche des deux tueurs et d'un mystérieux complice.

Mourad Hamyd, lycéen à l'époque, s'était présenté de lui-même dans un commissariat de l'Est de la France où il résidait avec sa famille. Il avait été relâché après 48 heures de garde à vue, sans être inquiété.

Il avait été identifié dès novembre 2014 comme le cogestionnaire de la page Facebook Al Haqq media, suspectée notamment de servir de «lien de communication» dans le cadre d'une filière djihadiste, selon cette source. Lors de sa garde à vue, le jeune homme, qui disait entretenir des rapports lointains avec Chérif Kouachi, s'était présenté comme un musulman modéré condamnant le djihad et l'attentat de Charlie Hebdo.

Deux Marocains «radicalisés» expulsés

Deux Marocains «radicalisés» ont été expulsés vendredi par la France vers leur pays en raison de la «menace grave» qu'ils représentaient pour «l'ordre public», a annoncé le ministre de l'Intérieur Bernard Cazeneuve, portant à 15 le nombre d'expulsions de ce type depuis début 2016.

«Compte tenu de la menace grave que faisait peser sur l'ordre public le maintien de ces deux individus radicalisés sur le sol français», M. Cazeneuve «a décidé d'engager à leur encontre une mesure d'expulsion, qui a été mise en oeuvre immédiatement», selon un communiqué publié par son ministère.

«Six expulsions de ce type sont intervenues depuis le début du mois d'août, et 15 depuis le début de l'année», a ajouté M. Cazeneuve, affirmant «la détermination sans faille du gouvernement à lutter contre le terrorisme par tous les moyens de droit».

La France, placée sous le régime exceptionnel de l'état d'urgence depuis les attentats djihadistes du 13 novembre dernier à Paris et à Saint-Denis dans sa banlieue (130 morts), a été frappée par deux attentats cet été : l'un à Nice le 14 juillet (86 morts), l'autre le 26 juillet contre une église près de Rouen (nord-ouest), au cours duquel un prêtre a été égorgé.