Inondations, grèves, risque d'attentats: à cinq jours de l'Euro 2016 de soccer, l'atmosphère était lourde dimanche en France, où seule une victoire des Bleus dans leur dernier match de préparation a apporté une note d'espoir.

La menace djihadiste « existe » mais il ne faut « jamais se laisser impressionner », a déclaré dimanche le président François Hollande, dont le pays a déjà été frappé à deux reprises par des attentats en 2015.

La France, qui est en état d'urgence depuis les attaques du 13 novembre à Paris (130 morts), « a mis tous les moyens pour réussir » la sécurité de la compétition, a-t-il assuré.

Plus de 90 000 gendarmes, policiers et agents de sécurité privé seront déployés autour des stades et des lieux où se rassemblent les partisans, qui doivent accueillir 7 millions de fans de soccer du 10 juin au 10 juillet.

« La Fête malgré tout... », titrait en une le Journal du Dimanche (JDD) sur une photo de policiers d'élite devant le Stade de France... sous la pluie.

Des inondations, provoquées par des pluies torrentielles, ont fait quatre morts dans la région parisienne et le centre du pays, et causé entre 600 millions et deux milliards d'euros de dégâts selon les assureurs.

« On n'a pas besoin de ça actuellement, avec les grèves à répétition, le plan Vigipirate (d'alerte anti-attentat): toutes les autorités sont déjà sur le pont », commentait Pascal Derby, 62 ans, en observant les flots tumultueux de la Seine à Paris.

La capitale française a échappé au pire: la Seine est montée à son plus haut niveau depuis 1982, mais a amorcé sa décrue samedi sans causer de dommages sérieux.

Dimanche, la décrue s'y confirmait. Le fleuve, dont les berges restaient inondées, n'était plus qu'à 5,5 mètres au-dessus de son niveau de référence dans la soirée, contre un pic de 6,10 m.

Les inquiétudes s'étaient déportées vers l'aval, les autorités redoutant les effets sur la Seine en crue de la grande marée en provenance de son estuaire.

En Normandie, la Seine est bien montée, sortant par endroits de son lit, mais les effets sont restés limités.

Ailleurs, l'heure était au pompage et au nettoyage. Sur une autoroute inondée, 35 dépanneuses étaient au travail pour dégager 300 véhicules abandonnés face à la montée des eaux. Dans les maisons, les sinistrés frottaient et triaient, dans l'espoir de sauver une partie de leurs biens.

« Sérénité »

Au nom de la « solidarité » avec ces victimes, le premier ministre Manuel Valls et des élus de l'opposition de droite ont tenté de convaincre les cheminots en grève depuis mardi de reprendre le travail.

« Personne ne comprendrait » que ces grèves puissent empêcher les spectateurs de se déplacer pendant l'Euro, a ajouté dimanche le président Hollande.

Ces appels sont pour l'instant restés vains. Seule une moitié des trains grande ligne circulait dimanche.

Pire, les pilotes de la compagnie nationale Air France prévoient de faire grève du 11 au 14 juin.

Ces grèves portent sur des revendications catégorielles mais se greffent sur une vaste fronde contre une réforme du Code du travail, qui suscite depuis trois mois des manifestations émaillées de violences, des blocages et des actions coup de poing.

Pour l'instant, le gouvernement et ses détracteurs campent sur leurs positions et une grande manifestation est prévue le 14 juin à Paris.

Une majorité des Français (54 %) désapprouvent désormais ces grèves et manifestations, selon un sondage publié dimanche.

Une polémique la semaine dernière sur la sélection nationale de foot avait achevé d'assombrir l'humeur des Français.

Écarté des Bleus après son inculpation dans une affaire de chantage à la sex-tape contre un coéquipier, la vedette Karim Benzema, né en France de parents algériens, a accusé le sélectionneur Didier Deschamps d'avoir « cédé à la pression d'une partie raciste de la France ».

En gagnant (3-0) contre l'Écosse samedi soir, les joueurs de l'équipe de France ont apporté un peu de « sérénité » dans cette drôle d'ambiance, a relevé Didier Deschamps.

Maintenant, « il faut qu'ils se concentrent sur la compétition, qu'ils ne se laissent pas distraire par rien », a estimé le président Hollande avant de leur rendre visite à leur camp d'entraînement.