Le pape François a demandé mercredi pardon au nom de l'Église pour les scandales récents ayant secoué «Rome et le Vatican», dans une démarche surprenante pour un souverain pontife qui semble se référer surtout à des affaires de moeurs.

«Je voudrais, au nom de l'Église, vous demander pardon pour les scandales qui ces derniers temps se sont produits aussi bien à Rome qu'au Vatican», a-t-il déclaré au début de son audience générale, sans autre précision.

«Je vous demande pardon», a-t-il insisté devant les milliers de pèlerins rassemblés sur la place Saint-Pierre. «Car il est nécessaire qu'il arrive des scandales, mais malheur à l'homme par qui le scandale arrive!», a-t-il lancé en citant un verset de la Bible.

Le pape n'a pas précisé de quels scandales il parlait et son porte-parole, Federico Lombardi, ne s'est pas montré plus précis : «Si le pape a employé un langage à caractère général, c'est son intention et il ne m'appartient pas d'interpréter».

«Lorsque la responsabilité de l'Église ou celle d'hommes d'Église est concernée, le pape demande pardon», a ajouté le père Lombardi, expliquant que les fidèles avaient pu lire récemment dans les journaux italiens des informations «perturbantes» montrant des «exemples négatifs» dans l'Église.

Le Vatican a récemment été secoué par plusieurs affaires très médiatisées comme la révélation de son homosexualité d'un prélat polonais de la Congrégation pour la doctrine de la foi, Krzysztof Charamsa, à la veille du synode sur la famille.

Une émission de télévision évoquait encore mardi soir les relations homosexuelles de certains prêtres à l'intérieur du Vatican dans le passé, accréditant l'existence d'un «lobby gai» au sein du petit État.

Parmi les scandales figure aussi l'affaire de l'ancien nonce polonais Józef Wesolowski, retrouvé mort - de cause naturelle selon l'autopsie - alors qu'il devait être le premier prélat jugé au Vatican pour actes pédophiles.

La presse italienne a aussi évoqué ces derniers jours une affaire dans laquelle plusieurs prêtres d'une paroisse romaine confiée à l'ordre des Carmes Déchaux auraient eu recours à des prostitués. Les fidèles de la paroisse ont récemment écrit au pape pour dire leur désarroi.

Selon le père Lombardi, les propos du pontife argentin ne font pas en revanche allusion aux tensions entre le Vatican et le maire de la capitale italienne, Ignazio Marino, qui vient de démissionner, ou encore au vaste réseau de collusions mafieuses qui défraie la chronique de la capitale depuis un an.

Si cette demande de pardon glissée avant une catéchèse sur un autre sujet est une nouveauté, la démarche n'est pas forcément rare depuis quelques années au sein de l'Église.

Benoît XVI et François ont ainsi demandé pardon pour les affaires de pédophilie ayant secoué le clergé.

Et selon un décompte du Corriere della Sera, Jean Paul II avait lancé le mouvement en demandant pardon une centaine de fois, au nom de l'Église : les croisades, les dictatures, les femmes, les juifs, le procès de Galilée, les guerres de religion, la traite des Noirs, les violences aux Indiens d'Amérique, l'Inquisition, l'intégrisme, le racisme, la mafia...