Deux mois après les attentats de janvier à Paris, le gouvernement français a dévoilé vendredi ses pistes pour raviver le lien à la République dans les quartiers sensibles, en s'appuyant notamment sur le logement pour casser l'effet ghetto.

«La France fait face à un profond malaise social et démocratique», a affirmé le premier ministre Manuel Valls, en réemployant le terme d'«apartheid» qu'il avait déjà utilisé peu après les attentats pour décrire la situation dans les quartiers difficiles.

La promotion sociale est bloquée dans de nombreux quartiers - souvent situés en périphérie des grandes agglomérations - entravée par le manque de mobilité, de transports et de services publics. Le taux de chômage des moins de 25 ans peut y dépasser les 50%.

Le souhait du gouvernement est de casser les ghettos en obligeant d'une part les villes à respecter leurs obligations de logements sociaux, et d'autre part à ne pas concentrer les pauvres dans les quartiers sensibles.

Une loi impose la construction de 25% de logements sociaux aux communes de plus de 3500 habitants mais près de 220 villes ne la respectent pas.

Les préfets seront incités à se substituer à la commune pour la délivrance de permis de construire ou à la préemption d'immeubles ou de logements existants dans le but d'en faire des logements sociaux.

«Il faut arrêter d'ajouter de la pauvreté à la pauvreté», a déclaré le premier ministre.

Les personnes les plus modestes ne pourront ainsi plus être relogés dans les 1500 quartiers concernés pas la politique de la Ville et les logements détruits dans le cadre de la rénovation urbaine devront être reconstruits en priorité dans d'autres quartiers.

Manuel Valls a chiffré «autour d'un milliard d'euros» pour les trois prochaines années le coût de ces mesures.

Mais il ne s'agit pas d'un énième «nouveau plan» ou «plan Marshall» pour les banlieues, a-t-il insisté. Du «Développement social des quartiers» en 1982 au plan «Espoir banlieues» en 2008, les programmes se sont en effet succédés en France sans parvenir à résorber les «ghettos» urbains.

Un volet éducatif, avec notamment une modification de la carte de recrutement scolaire pour les collèges ou la scolarisation accrue des enfants de moins de trois ans dans les zones très prioritaires est également prévu.