Déjà astronomique à la construction, le prix du très controversé palais du président turc Recep Tayyip Erdogan continue à battre tous les records en terme d'entretien, selon les factures complaisamment publiées par ses très nombreux détracteurs.

Inauguré en octobre dernier, le tout nouveau et gigantesque complexe occupé par le chef de l'État au coeur de la banlieue verte d'Ankara est devenu la cible préférée de ses opposants, qui y voient le symbole de la folie des grandeurs et de la dérive autoritaire et islamiste qu'ils reprochent à l'homme fort du pays.

Ces derniers jours, plusieurs «fuites» reprises goulûment par la presse d'opposition sont venues alimenter la polémique, chiffres à l'appui.

Mardi, un député de l'opposition, Ali Demirçali, a révélé que la note d'électricité du palais pour la période du 18 décembre au 21 janvier s'était élevée à la coquette somme de 1 140 567,76 livres turques (LT), soit l'équivalent de 410.276 euros au cours du jour.

Jeudi, la présidente de la branche ankariote du syndicat des chambres d'architectes et d'ingénieurs (TMMOB), Tezcan Karakus Candan, a enfoncé le clou en estimant les frais d'entretien annuels du bâtiment à 104 millions de livres (52,6 millions de dollars).

«Combien de patients atteints de cancer pourrait-on soigner avec 104 millions?», s'est interrogé un élu du Parti républicain du peuple (CHP, social-démocrate), Sezgin Tanrikulu, dans un courrier adressé au premier ministre Ahmet Davutoglu.

Et vendredi, le quotidien Hürriyet a complété, provisoirement, le tableau en révélant que pas moins de 1150 policiers étaient affectés en permanence à la protection du palais.

Construit sur plus de 200 000 m2, le bâtiment compte 1150 pièces et a déjà coûté, selon le ministre des Finances Mehmet Simsek, 1,3 milliard de livres (près de 697 millions de dollars).

À la tête du pays depuis 2003, son locataire a rétorqué à ses critiques que ce palais appartenait à «tous les Turcs» et participait du «prestige» de la Turquie. «Voir les choses en grand n'est pas possible aux nains», leur a-t-il lancé, agacé, le mois dernier.