La Hongrie a vivement réagi mercredi à des propos du sénateur américain John McCain, ancien candidat républicain à la Maison-Blanche, qui a qualifié le premier ministre conservateur hongrois Viktor Orban de «dictateur néofasciste».

Le chargé d'affaires américain à Budapest, Andre Goodfriend, a été convoqué par le gouvernement pour des explications, a indiqué le ministère hongrois des Affaires étrangères dans un communiqué.

M. McCain, un ténor de l'opposition connu pour son franc-parler, a vivement critiqué mardi devant le Sénat américain le choix de la productrice de télévision Colleen Bell en tant que futur ambassadeur à Budapest, estimant qu'elle ne ferait pas le poids face à M. Orban.

«Voilà un pays sur le point d'abandonner sa souveraineté à un dictateur néofasciste qui s'acoquine avec (le président russe) Vladimir Poutine, et on va lui envoyer la productrice de +Amour, gloire et beauté+ comme ambassadeur!», s'est-il emporté.

M. McCain a poursuivi en citant les principaux reproches adressés à M. Orban par une partie de la communauté internationale, à savoir notamment une centralisation du pouvoir, une mise au pas de la justice, et des attaques envers des ONG bénéficiant de financements étrangers.

Le ministère hongrois des Affaires étrangères a récusé mercredi ces allégations, les estimant «infondées», et a qualifié les propos de M. McCain d'«inacceptables».

«Le gouvernement hongrois trouve cela inacceptable et réfute avec fermeté les commentaires du sénateur John McCain concernant le premier ministre hongrois et les relations entre la Hongrie et la Russie», a déclaré le secrétaire d'État Levente Magyar dans le communiqué.

Au cours du vote de confirmation de Mme Bell mardi, le Sénat a finalement donné son feu vert à sa nomination, par 52 voix contre 42. Le poste d'ambassadeur des États-Unis à Budapest est vacant depuis juillet 2013.

Interrogé par l'AFP à Washington mercredi, M. McCain a renouvelé, en détaillant ses griefs, ses accusations envers M. Orban.

«Un accord nucléaire avec les Russes, la mise en oeuvre d'une législation qui élimine littéralement la possibilité pour la minorité de se faire entendre, la répression contre les médias... La liste est longue !», a-t-il déclaré.

Les relations entre les deux pays se sont détériorées ces derniers mois. La diplomatie américaine a déploré une «évolution négative» de la Hongrie, un pays pourtant membre de l'OTAN, et a déclaré indésirables aux États-Unis six responsables hongrois soupçonnés de corruption, dont la directrice du fisc.