Objectif reconquête du pouvoir: trente mois après sa défaite face au socialiste François Hollande, l'ex-président de droite français Nicolas Sarkozy devrait, sauf surprise, remporter samedi la première étape vers la présidentielle de 2017 en se faisant porter à la tête de sa formation, l'UMP.

Les 268 000 adhérents de ce grand parti conservateur sont appelés à voter par internet entre vendredi soir et samedi 19h pour désigner leur chef. Et les seules incertitudes semblent être le taux de participation et le score de la victoire.

Les partisans de M. Sarkozy, 60 ans en janvier, rêvent d'un plébiscite à plus de 70% et ne veulent même pas envisager que leur champion soit mis en ballottage par ses deux challengers, Bruno Le Maire et Hervé Mariton. Le premier, 45 ans, ex-ministre de l'Agriculture de M. Sarkozy et étoile montante de la jeune génération du parti, a pourtant fait la meilleure campagne, selon près de la moitié des Français.

Celle de l'ex-président a montré que deux ans et demi de retraite forcée n'ont pas adouci les angles d'une personnalité toujours très clivante, suscitant adulation ou rejet.

«Plus vous serez nombreux à voter, plus je serai fort et légitime», a-t-il répété durant une tournée en France.

Mais s'il a montré devant les militants de base conquis d'avance qu'il n'avait rien perdu de sa combativité, il a aussi par ses outrances inquiété l'aile modérée du parti et le centre. Ce dernier est une composante incontournable de la primaire attendue en 2016 pour désigner le candidat de toute la droite, et partant le mieux placé pour ravir la présidence de la République à une gauche affaiblie.

Certains, notamment l'ancien chef de la diplomatie Alain Juppé dont la popularité parmi les Français menace M. Sarkozy, le soupçonnent de vouloir conquérir l'UMP pour changer les règles du jeu. Lors d'un meeting commun à Bordeaux, la ville dont M. Juppé est maire, Nicolas Sarkozy a laissé le public siffler le rappel par ce dernier de l'échéance de la primaire pourtant prévue par les statuts de l'UMP.

«Pire qu'avant»

Il a aussi montré qu'il ne reniait pas la ligne droitière adoptée durant la campagne de 2012 et jugée par ses détracteurs responsable de sa défaite face à François Hollande. Sur l'immigration ou la sécurité, M. Sarkozy a chassé sur les terres du Front National (extrême droite). Ce parti tient congrès ce week-end pour reconduire sa présidente Marine Le Pen sûre de sa propre victoire en 2017.

Nicolas Sarkozy a aussi courtisé les eurosceptiques. L'Union européenne n'a pas été créée «pour qu'elle se mêle de tout», «elle s'est attribué trop de compétences», a-t-il déclaré jeudi à Nîmes (sud). «Il n'appartient à aucune Commission, à aucun commissaire, ni à aucun de nos partenaires d'instruire le procès de la France», a-t-il lancé alors que le budget de la France est placé sous surveillance par Bruxelles.

Alors que l'impopularité du président Hollande et la faiblesse du Parti socialiste et de ses alliés écologistes font planer sur la gauche la menace d'une élimination dès le premier tour de la présidentielle, M. Sarkozy s'en est pris aussi à l'exécutif coupable selon lui de se livrer à «une entreprise sans précédent de démolition de la Nation, de la République, de l'Etat».

Il a évoqué en termes apocalyptiques un monde menacé par la «barbarie» et la «sauvagerie», dans lequel «une France affaiblie est une proie offerte au malheur».

«J'ai mûri», avait assuré Nicolas Sarkozy en sortant à la fin de l'été de sa retraite politique forcée ponctuée de conférences très rémunératrices dans le monde. Il «n'a pas changé, il est encore pire qu'avant», a jugé l'élu écologiste Noël Mamère.

La stratégie de sa reconquête du pouvoir reste sous la menace de plusieurs dossiers judiciaires. M. Sarkozy est notamment mis en examen (inculpé) pour corruption, soupçonné d'avoir tenté d'obtenir auprès d'un haut magistrat des informations couvertes par le secret judiciaire dans une enquête le concernant.

Ses comptes de campagne en 2007 et 2012 font aussi l'objet de plusieurs enquêtes.