Les indépendantistes catalans ont redoublé d'efforts samedi pour obtenir une participation massive à un vote symbolique sur l'indépendance dimanche, tandis que le gouvernement espagnol minimisait la portée de cette journée historique pour les nationalistes.

Après une semaine de tensions entre Madrid et Barcelone, le chef du gouvernement conservateur Mariano Rajoy a paru tolérer que l'exécutif catalan maintienne cette consultation malgré sa suspension par le Tribunal constitutionnel et ses avertissements répétés de ne pas violer le droit.

«Ce qui va se passer demain, on peut l'appeler comme on voudra, mais ce n'est ni un référendum, ni une consultation, ni rien qui y ressemble, et je ne vais même pas le qualifier. Ce qui est certain, c'est que cela n'aura aucun effet», a déclaré M. Rajoy devant des militants de son parti réunis à Caceres, dans l'ouest de l'Espagne.

Farouchement opposé à tout scrutin sur l'indépendance de cette puissante région du nord-est de l'Espagne, le gouvernement central, qui a saisi par deux fois le Tribunal constitutionnel pour l'empêcher, avait paru tendre la main jeudi au président catalan Artur Mas. Il avait fait savoir jeudi qu'il n'y aurait pas de poursuites contre lui et son gouvernement, la Generalitat, s'ils ne s'impliquaient pas davantage dans le déroulement du scrutin.

Mais Artur Mas a ignoré ce geste et a affirmé, dans une interview télévisée diffusée samedi, que la Generalitat était partie à la consultation et en proclamerait les résultats. Il a mis en garde le  gouvernement central contre toute intervention contre le vote. «Je ne sais pas ce qu'ils vont faire, ça ne dépend pas de nous, mais s'ils ont un minimum de sens commun je crois que tout acte déplacé serait une attaque directe contre la démocratie et les droits fondamentaux», a-t-il déclaré.

L'exécutif catalan avait d'ailleurs poursuivi la campagne de mobilisation et installé les urnes dans les lycées publics, cependant que Madrid rappelait qu'il ne pouvait pas utiliser les moyens de l'Etat pour la consultation. Il a fait savoir samedi soir qu'il assumait l'entière responsabilité de l'ouverture de ces lycées pour garantir «la liberté d'expression et la liberté idéologique».

Indépendantistes et nationalistes

Résolus à ce que ce scrutin constitue une journée historique, les indépendantistes ont organisé de nouveaux rassemblements pour obtenir une participation massive le 9 novembre, baptisé le «9-N», «Neuf-N» comme le «Jour-J».

Samedi, traditionnellement une journée de trêve à la veille d'élections en Espagne, des stands d'information étaient installés dans les rues et les partis politiques favorables à la consultation ont organisé des réunions du nord au sud de la Catalogne.

«Appelez vos parents, vos amis et vos voisins, et dites-leur qu'ils doivent aller voter»,  a lancé vendredi soir devant plusieurs milliers de personnes à Barcelone Muriel Casals, dirigeante d'Omnium Cultural, l'une des associations indépendantistes.

De leur côté, les opposants à l'indépendance ont fait campagne contre la participation et demandé à Madrid de bloquer ce scrutin. Ils le jugent illégal et antidémocratique, car il est réalisé sans liste électorale, sans commission de contrôle et avec des volontaires tous partisans du oui à l'indépendance.

Devant 200 personnes rassemblées face à la mairie de Barcelone, le chef du parti catalan Ciudadanos (Citoyens), Albert Rivera, a demandé à Mariano Rajoy de ne pas «hésiter à faire respecter l'État de droit»,  et empêcher qu'«on utilise les lycées et l'argent public pour des actions de propagande indépendantiste».

Brandissant un grand drapeau espagnol, Mercedes Gargallo, une des manifestantes, a regretté le peu de cas fait des Catalans partisans de l'unité : «Nous sommes espagnols et catalans et personne ne fait attention à nous».

Une plainte a, par ailleurs, été déposée par une autre association, Societat civil Catalana, contre l'utilisation des collèges et lycées pour ce vote.

Le rassemblement du parti Ciudadanos, s'est déroulé en même temps qu'une manifestation de Basques venus soutenir l'indépendance de la Catalogne, provoquant des tensions entre les deux groupes.

«Le peuple catalan lutte pour pouvoir décider de son avenir, et nous, indépendantistes basques, sommes venus leur proposer notre aide et les encourager», a déclaré une des participantes, Garbiñe Elizegi.