Six alpinistes français membres d'une même cordée se sont tués en chutant mardi dans le massif du Mont-Blanc et leurs corps ont été retrouvés mercredi, l'un des plus graves accidents depuis dix ans dans les Alpes françaises.

Les causes de leur chute d'environ 250 mètres, sur l'aiguille de l'Argentière, n'étaient pas connues mercredi après-midi, mais les sauveteurs ont «la certitude qu'elle a été brutale», a déclaré le colonel Frédéric Labrunye, de la gendarmerie de haute montagne, lors d'une conférence de presse.

L'accident est survenu vraisemblablement mardi à la mi-journée, selon l'officier. Cinq corps, dont celui du guide qui accompagnait le groupe d'alpinistes, ont été retrouvés mercredi matin dans une zone enneigée, en contrebas d'une barre rocheuse, et le sixième dans l'après-midi au fond d'une crevasse, a précisé le préfet de Haute-Savoie Georges-François Leclerc.

Les recherches avaient été rendues difficiles par des précipitations mêlées de neige et de pluie.

Les victimes sont quatre hommes et une femme, âgés entre 27 et 45 ans, qui participaient à un stage de deux semaines organisé par un organisme réputé, l'UCPA (Union nationale des centres sportifs de plein air), et leur guide de 42 ans.

Les six alpinistes étaient partis mardi matin pour l'ascension de l'Aiguille d'Argentière (3901 mètres) et devaient regagner dans la soirée le refuge d'Argentière.

«Pierre était un guide expérimenté, qui fait cette course tous les 15 jours. Ils sont partis à 4h00 dans de très bonnes conditions», a expliqué à l'AFP le gardien du refuge, Fred Laurenzio. Mais les conditions météorologiques se sont dégradées dans l'après-midi.

Ne les voyant pas revenir, le gardien a donné l'alerte au Peloton de gendarmerie de haute-montagne (PGHM) de Chamonix. Les recherches par hélicoptère ont débuté dès 14h30 (heure de Montréal), mais les conditions météorologiques étaient alors mauvaises à l'Aiguille d'Argentière, un sommet du massif du Mont-Blanc situé entre le département français de Haute-Savoie et le canton suisse du Valais.

Mercredi dès 2h30 (heure de Montréal), une équipe terrestre composée de quatre gendarmes a repris les recherches. «Ils n'ont pu poursuivre l'approche en hélicoptère jusqu'au bout en raison du mauvais temps et ont dû poursuivre à pied», a expliqué Christophe du Payrat secrétaire général de la préfecture.

Déjà six morts en juillet

À 3h00, cinq corps étaient retrouvés sans vie, sur le Glacier du Milieu, à une altitude comprise entre 3500 et 3700 mètres. Puis le corps de la sixième victime a été retrouvé par les gendarmes au fond d'une crevasse. On ignore pour l'instant si la cordée a été prise dans une coulée de neige, comme il en arrive dans ce secteur, a indiqué le colonel Labrunye.

Selon le préfet, 17 personnes ont trouvé la mort ou ont disparu depuis le début de la saison estivale dans le Mont-Blanc.

Selon un décompte de l'AFP, six alpinistes ont ainsi trouvé la mort dans le Mont-Blanc entre le 15 et le 30 juillet, dont deux Irlandais, deux Finlandais, un Allemand et un Français.

L'accident de mardi est l'un des plus graves des dix dernières années dans les Alpes françaises.

En juillet 2012, neuf alpinistes suisses, allemands, britanniques et espagnols avaient été tués par une avalanche au Mont Maudit dans le massif du Mont-Blanc.

En août 2008, huit alpinistes (trois Suisses, un guide autrichien et quatre Allemands) avaient également péri dans une avalanche à la suite de la chute de séracs (blocs de glace) au Mont Blanc du Tacul, sur une voie d'accès au Mont Blanc.

En juin 2011, six alpinistes avaient fait une chute mortelle dans le massif des Ecrins (Hautes-Alpes).

Entre 1990 et 2011, les registres de la gendarmerie recensent 256 accidents ayant causé 74 morts et 180 blessés rien qu'entre le refuge de Tête Rousse (3167 mètres) et le refuge du Goûter (3835 mètres) sur la voie d'accès normale au Mont Blanc.