Le Front national a fait élire 11 maires le printemps dernier. Il est le parti qui a obtenu le plus de votes en France aux élections européennes en mai. Et voilà que Marine Le Pen est pour la première fois en tête d'un sondage pour le premier tour de l'élection présidentielle de 2017.

«Oui, je crois que je peux être élue en 2017», a déclaré hier Marine Le Pen, présidente du parti d'extrême droite, en évoquant un scénario qui demeure hautement improbable malgré sa hausse de popularité.

Selon un sondage de l'Institut français d'opinion publique (Ifop) pour l'hebdomadaire Marianne rendu public hier, la politicienne prendrait le premier rang au premier tour avec 26% des intentions de vote. Dans le scénario soumis aux répondants, l'ex-président Nicolas Sarkozy (Union pour un Mouvement populaire) arrive au deuxième rang, avec 25% des intentions de vote, et passerait ainsi au deuxième tour contre Marine Le Pen. Le président socialiste François Hollande serait exclu du deuxième tour avec 17% des intentions de vote. Même résultat pour le trio de tête avec le premier ministre Manuel Valls comme candidat socialiste au lieu de François Hollande.

«Le sondage qui alarme», titre donc l'hebdo Marianne en kiosque ce matin. Vrai qu'il s'agit du premier sondage donnant Marine Le Pen en tête au premier tour en 2017, mais la présidente du Front national avait aussi pris la position de tête dans les sondages sur la présidentielle de 2012 sans pour autant passer au deuxième tour lors des élections.

En mars 2011, un sondage du quotidien Le Parisien la plaçait en tête au premier tour dans tous les scénarios soumis aux sondés. Contre Nicolas Sarkozy (21%) et François Hollande (20%) par exemple, elle obtenait alors 24% des intentions de vote selon le sondage de l'institut Harris Interactive. À l'élection de 2012, Marine Le Pen a finalement terminé troisième au premier tour avec 17,9% des voix, derrière François Hollande (28,6%) et Nicolas Sarkozy (27,2%) qui sont passés au deuxième tour.

Stratégie favorable

Le même scénario pourrait-il se répéter en 2017? Cité dans Marianne, le directeur du pôle opinion d'Ifop, Jérôme Fouquet, rappelle que «depuis l'arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti et la mise en place de sa stratégie de "dédiabolisation", le Front national a enregistré à chaque scrutin des plus hauts historiques.»

La principale intéressée vise plus loin qu'une participation au deuxième tour en 2017. «Oui, je crois que je peux être élue en 2017 parce que les Français réclament à coeur et à cri une autre politique que celle qui les fait souffrir au quotidien. Ils ont fait le tour, ils sont allés à l'UMP, ils sont allés au PS, ils se sont rendu compte qu'il s'agit là exactement des mêmes orientations politiques», a déclaré Marine Le Pen hier en entrevue à la chaîne de télé BFMTV. La présidente du FN ne se soucie pas d'une alliance gauche-droite au deuxième tour de l'élection présidentielle, comme en 2002 alors que le président Jacques Chirac avait été réélu avec 82,2% des voix au deuxième tour contre son père Jean-Marie Le Pen (17,8%), à qui elle a succédé en 2011 à la tête du Front national.

Selon un sondage Ifop pour le site web Atlantico produit en juin, Marine Le Pen tirerait de l'arrière dans une élection à un contre un (le format du deuxième tour) contre les cinq adversaires considérés: l'ex-premier ministre et maire de Bordeaux Alain Juppé (49% pour Juppé, 21% pour Le Pen, 30% d'indécis), l'ex-président Nicolas Sarkozy (41% -19% -40%), l'ex-premier ministre François Fillon (44% -22% -34%), le président François Hollande (33% -29% -38%) et le premier ministre Manuel Valls (45% -24% -31%).

Comme pour le sondage de Marianne, il ne s'agit que d'hypothèses électorales à trois ans de l'échéance électorale. À titre d'exemple, Nicolas Sarkozy n'a pas indiqué publiquement s'il allait tenter de devenir le candidat de l'UMP à la prochaine présidentielle.

Intentions de vote aux présidentielles de 2017, selon un sondage IFOP pour l'hebdo Marianne

> Marine Le Pen (Front national): 26%

> Nicolas Sarkozy (Union pour un Mouvement populaire): 25%

> François Hollande ou Manuel Valls (Parti socialiste): 17%

> François Bayrou (Mouvement démocrate): 12-13%

> Jean-Luc Mélenchon (Parti de gauche): 10-11%

> Autres candidats: 9%

Sondage réalisé en ligne les 21et 22 juillet sur un échantillon de 1004 Français. Marge d'erreur de 1,4% à 2,8%.