Un ancien ministre français de l'Intérieur proche de Nicolas Sarkozy, Claude Guéant, a été placé en garde à vue lundi dans le cadre d'une enquête sur un arbitrage financier controversé de l'homme d'affaires Bernard Tapie.

Les enquêteurs s'interrogent sur le rôle que l'ex-ministre de droite Claude Guéant a joué dans la décision à l'automne 2007 de préférer un tribunal privé à la justice ordinaire pour régler un vieux différend entre la banque Crédit lyonnais et Bernard Tapie sur la revente du groupe Adidas.

Les enquêteurs se demandent notamment si M. Guéant, également ancien secrétaire général de l'Élysée, a pesé dans la décision de ne pas contester la sentence qui octroyait plus de 400 millions d'euros (plus de 592 millions de dollars) à l'homme d'affaires et s'il a été sollicité pour que le fruit de l'arbitrage soit soumis à une fiscalité indulgente.

Les juges soupçonnent que la sentence soit le fruit d'un «simulacre» d'arbitrage organisé avec l'aval de la présidence française.

Ont été pour l'heure inculpées pour escroquerie en bande organisée cinq personnes, dont Bernard Tapie, son avocat Maurice Lantourne, un des trois juges-arbitres, et l'ancien directeur de cabinet de l'ex-ministre française de l'Économie Christine Lagarde, Stéphane Richard.

Dans le volet ministériel du dossier, Christine Lagarde a été placée sous le statut intermédiaire de témoin assisté, ce qui lui a permis de rester à la tête du Fonds monétaire international (FMI).

À l'issue de sa garde à vue, Claude Guéant peut être relâché sans charge ou présenté aux juges pour une éventuelle inculpation. Sollicité par l'AFP quelques jours avant son audition, l'ex-homme fort du clan Sarkozy s'est refusé à tout commentaire.

Désormais avocat, Claude Guéant, 69 ans, devrait devoir détailler ses relations avec Bernard Tapie et expliquer les nombreuses visites de l'homme d'affaires à l'Élysée, en 2007 et 2008, dans une période cruciale pour l'arbitrage. Parmi elles, une réunion clé, qu'il avait convoquée, fin juillet 2007, en présence de Bernard Tapie.

Bernard Tapie, qui estime avoir été escroqué par le Crédit lyonnais dans la revente d'Adidas, ne conteste pas avoir tenté de sensibiliser des responsables successifs de l'exécutif, de droite comme de gauche, pour obtenir réparation.