Au moins 22 migrants ont péri et sept sont portés disparus lundi à la suite du naufrage de deux embarcations dans la mer Égée, au large de la Grèce, un nouveau drame de l'immigration clandestine dans cette zone, ont annoncé les gardes-côtes.

Dans cette voie qu'ont coutume d'emprunter les migrants souhaitant gagner l'Europe occidentale, les corps de 22 personnes originaires en majorité de Somalie, mais aussi de Syrie et d'Érythrée, ont été retrouvés. Quatre corps avaient été découverts en mer lundi à l'aube, dont celui d'une femme enceinte.

Dans la cabine d'un voilier de 12 mètres battant pavillon turc, qui a chaviré au large de Samos et a été remorqué par les gardes-côtes grecs jusqu'au port de cette île, 18 autres corps ont été découverts à la mi-journée.

Les victimes sont douze femmes, six hommes et quatre enfants, trois garçons et une fille.

Au total, environ 65 migrants tentaient ainsi de rejoindre la Grèce en provenance des côtes occidentales turques, proches de Samos à bord du voilier et d'un canot qui le suivait.

Selon un porte-parole de la police portuaire grecque, les deux embarcations ont été repérées à 4 h locales (21 h dimanche, heure de Montréal) par un bateau de Frontex, l'agence de surveillance des frontières européennes, qui avait alors alerté les autorités grecques.

Une opération de sauvetage a aussitôt été déclenchée et 36 survivants, dont trois femmes et un enfant, ont été secourus et conduits sains et saufs à Samos. L'enfant, qui souffrait d'hypothermie, a été admis dans un hôpital d'Athènes, selon les gardes-côtes.

Sept personnes sont toujours portées disparues, selon des déclarations des rescapés. Deux hélicoptères et plusieurs bateaux, dont ceux des gardes-côtes, une vedette de l'agence Frontex et trois bateaux de pêche participent aux opérations de recherches.

Les raisons du naufrage demeurent inconnues, les conditions météorologiques étant favorables.

Ce drame est le troisième du genre à se produire en moins de cinq mois en Grèce, située aux confins du sud-est de l'Europe et dont les frontières maritimes étendues sont souvent empruntées par les passeurs pour échapper aux contrôles renforcés le long des frontières de l'Europe avec la Turquie.

En mars, sept migrants, dont deux enfants, sont morts après le chavirage de leur bateau au large de l'île de Lesbos, dans le nord-est de la mer Égée, à proximité des côtes occidentales turques.

En janvier, douze Afghans et Syriens, principalement des femmes et des enfants, ont trouvé la mort au large de l'îlot de Farmakonissi, proche de Samos, dans le naufrage de leur bateau qui transportait 28 personnes, alors même que l'embarcation aurait été remorquée à vive allure par des gardes-côtes grecs.

Des renvois banalisés

Les noyades des migrants dans la mer Égée sont fréquentes souvent en raison des mauvaises conditions météorologiques, mais aussi du fait que les autorités grecques tentent parfois de repousser les embarcations des passeurs vers les côtes turques.

Un millier de clandestins prennent tous les mois la mer pour tenter de rejoindre le long des côtes grecques des pays de l'Union européenne, a déclaré début avril le ministre grec de la Marine marchande, Miltiadis Varvitsiotis.

Depuis le début de l'année, au moins dix-neuf migrants se sont noyés dans la mer Égée, et selon un rapport publié la semaine dernière par Amnistie internationale, 188 adultes et enfants s'y sont noyés ou y ont été portés disparus entre août 2012 et mars 2014.

L'ONG a appelé l'UE à engager une procédure judiciaire contre les autorités grecques, qui procèderaient généralement à des renvois sommaires de migrants vers la Turquie.

Le principal parti de l'opposition grecque, la Gauche radicale Syriza, a indiqué lundi que «le verrouillage des frontières coûtait de nombreuses vies en Méditerranée et des sommes exorbitantes qui auraient pu être dépensées pour accueillir les réfugiés», critiquant les politiques suivies par la Grèce et l'Europe concernant l'immigration clandestine.

Il rappelle que 4,6 milliards d'euros (7 milliards de dollars) ont été dépensés ces six dernières années pour renforcer les contrôles des frontières.