Un élève armé, pris d'une «crise de nerfs», a fait irruption lundi dans son école de Moscou et pris plus de 20 élèves en otage, causant la mort d'un policier et d'un enseignant, avant d'être neutralisé par la police.

Ces événements ont mis en lumière les problèmes de sécurité auxquels est confrontée la Russie à l'approche des Jeux olympiques d'hiver qui doivent être lancés vendredi dans la station russe de Sotchi, au bord de la mer Noire et du Caucase.

Le maire de Moscou a aussitôt ordonné une révision des mesures de sécurité dans les établissements scolaires.

«Des systèmes de vidéosurveillance, de gardiennage financés par la ville ont été créés. Pourtant visiblement ces mesures ne sont pas suffisantes», a-t-il déploré, cité par l'agence Interfax.

Le président Vladimir Poutine a pour sa part qualifié ces événements de «tragédie» en ouvrant une séance du Conseil présidentiel pour la culture et les arts, mais n'a eu aucun mot sur les défaillances en matière de sécurité.

«Il faut éduquer la nouvelle génération de spectateurs pour qu'ils aient un bon goût artistique (...). Si nous avions fait cela dûment, alors il n'y aurait peut-être pas eu de tragédie comme celle de Moscou aujourd'hui», a-t-il déclaré, cité par l'agence officielle Itar-Tass.

Le jeune homme, armé de deux fusils, a fait irruption lundi aux alentours de midi dans l'école 263, située dans un quartier-dortoir du nord de Moscou.

Menaçant le gardien de l'établissement, il est entré dans une classe où se déroulait un cours de biologie et où se trouvait plus d'une vingtaine d'élèves, âgés d'une quinzaine d'années, et un enseignant.

Le gardien est parvenu à enclencher l'alarme pour prévenir les secours.

Le jeune homme, un élève de cette école qui selon certains médias se prénommerait Sergueï Gordeev, a ouvert le feu, tuant un professeur de géographie et un policier et en blessant un autre au moment où des renforts des forces de l'ordre arrivaient.

Un autre policier a été blessé et évacué par hélicoptère.

L'assaillant a finalement été neutralisé et remis aux enquêteurs, selon le ministère de l'Intérieur.

Il aurait été mû par une volonté de vengeance, selon une source au sein des forces de sécurité citée par Interfax.

«Selon de premières informations, le lycéen a agi pour se venger d'un enseignant de géographie», a déclaré cette source.



«Un excellent élève»

Le porte-parole du Comité d'enquête russe, Vladimir Markine, a toutefois écarté pour l'heure cette hypothèse comme cause de sa «crise de nerfs». Il avait auparavant indiqué que le jeune homme était un «excellent élève». Il devra subir une expertise psychiatrique.

Son père, à qui appartenaient la carabine et le fusil de petit calibre dont il était muni, aurait aidé à le neutraliser. «Le père du lycéen a mené des négociations avec lui au côté des membres des forces de l'ordre», a dit une source des forces de l'ordre à Interfax.

Tous les élèves et enseignants ont pour leur part été évacués sans encombre de l'établissement, qui avait été bouclé par la police.

«Aucun élève n'a souffert», a déclaré au site d'informations Lifenews Ioulia Grimalskaïa, adjointe du préfet du district. Une cellule psychologique a été mise en place.

Une enquête pour prise d'otage, meurtre et atteinte à la vie de membres des forces de l'ordre a été ouverte, a indiqué le Comité d'enquête russe, chargé des principales investigations dans le pays.

Le chef du Comité d'enquête Alexandre Bastrykine et le ministre de l'Intérieur Vladimir Kolokoltsev se sont immédiatement rendus sur les lieux, où avait aussi été dépêché un hélicoptère.

Le thème de la sécurité est une préoccupation majeure des autorités russes après les attentats meurtriers fin décembre à Volgograd (700 km de Sotchi) et les récentes menaces d'islamistes du Caucase du Nord de commettre des attaques pendant les Jeux.

Alors que la station de Sotchi est déjà sous très haute surveillance, les autorités ont renforcé les mesures dans la capitale, selon le quotidien Izvestia.

Des patrouilles supplémentaires ont été prévues pour surveiller le métro et une attention particulière est accordée à la sécurité des écoles et jardins d'enfants, dont les employés ont reçu pour instructions dès fin janvier de signaler aux autorités toute personne ou information suspecte, dans le cadre de la lutte antiterroriste.