Manifestement d'accord sur le fond, mais demandant des «actes» au plus vite, la droite présentait mercredi un visage embarrassé au lendemain des annonces de François Hollande sur le pacte de responsabilité adressé aux entreprises.

Face à la proposition de mettre fin aux cotisations familiales versées par les employeurs d'ici 2017, en échange de quoi ceux-ci créeraient des emplois, le patron de l'UMP Jean-François Copé n'a pu faire qu'un constat mercredi matin sur France 2: «Avec cette présentation-là, quel est le député de l'opposition qui va être contre?».

«S'il le fait, on sera embarrassé mais on sera aussi un certain nombre à applaudir parce que ça empêchera la catastrophe», a confié François Fillon à quelques journalistes après avoir présenté ses voeux au nom de son micro-parti Force républicaine.

«S'il y a une politique qui redonne confiance aux entreprises, je la soutiendrai», a-t-il affirmé plus tard sur TF1, en ajoutant: «Mais je veux des preuves, des preuves maintenant».

Toutefois, selon lui, le chef de l'État n'a «ni le Premier ministre, ni le gouvernement, ni la majorité pour le faire».

Le reste de l'UMP est sur la même ligne: «Le discours sonne agréablement aux oreilles. Quand j'entends parler de politique de l'offre, de soutien aux entreprises, de simplification, je suis prêt à soutenir, à dire: oui, c'est la bonne direction pour la France», a ainsi lâché l'ancien ministre Bruno Le Maire, rédacteur du projet de Nicolas Sarkozy pour la présidentielle de 2012.

«Il faut dire clairement que ce changement de discours est le bienvenu», a dit aussi l'ancien Premier ministre Jean-Pierre Raffarin.

«Si cette prise de conscience est solide et si elle est sérieuse, objectivement, on ne peut qu'accompagner cette démarche», a encore abondé l'ancien ministre de l'Economie François Baroin.

Au centre, même discours: François Hollande «s'est placé verbalement dans la ligne de la politique réformiste que la situation de la France exige» pour le président du MoDem François Bayrou. Mardi, Jean-Louis Borloo (UDI) se disait prêt à soutenir le pacte s'il était «concret».

Toutefois, Hervé Morin (UDI et président du Nouveau centre) s'est montré très sceptique. «Dans trois mois le décor s'effondrera à nouveau», a-t-il asséné.

Ceux qui soutiennent la proposition sur le fond se montrent généralement très dubitatifs quant aux chances de la faire aboutir. 

Hollande «candidat redoutable»

Dès mardi soir, M. Copé mettait en doute la «crédibilité» du président, M. Bayrou disait attendre que ces annonces se traduisent «dans le réel», tandis que M. Le Maire prévenait qu'il ne «(jugerait) qu'aux actes».

Mercredi, M. Borloo a appelé le président à une baisse des charges «immédiate» pour «crédibiliser» ses déclarations de la veille. Encore plus sévères, M. Copé a mis en garde le patronat car «le diable se cache dans les détails» et M. Fillon a qualifié le pacte de responsabilité de «slogan» et d'«usine à gaz».

«Je ne fais aucune confiance à François Hollande pour mettre en oeuvre ce qu'il a annoncé hier (...) Il n'a plus aucune crédibilité pour mettre en oeuvre le moindre projet», a asséné, cinglant, l'ex-ministre du Travail Xavier Bertrand.

«Le coming out social libéral de M. Hollande est un terrible aveu d'échec» pour Luc Chatel.

«Il est de toute évidence plus à l'aise dans la promesse que dans l'action», a affirmé mercredi matin Jean-Pierre Raffarin.

Le chef de l'État a-t-il réussi à mettre la droite dans «un corner», selon les mots du socialiste Jean-Christophe Cambadélis?

«Sur le plan politique, il est évident qu'il reste un candidat redoutable», lui reconnaît M. Raffarin.

La droite devra se déterminer clairement puisque le président a annoncé l'engagement de responsabilité du gouvernement sur son pacte, dont le calendrier et la méthode devaient être précisés en Conseil des ministres. MM. Baroin et Raffarin n'ont pas exclu, a priori, de le voter.

La patronne du FN, Marine Le Pen, ne pouvait elle rêver de plus beau cadeau. Elle a vu dans ce tournant libéral l'illustration d'une thèse frontiste au long cours: «L'existence dans notre pays d'un parti unique qui regroupe le PS et l'UMP».

Pour le patron de Debout la République, Nicolas Dupont-Aignan, «Sarkozy l'a rêvé, Hollande le fait».