Leonarda Dibrani, l'écolière rom expulsée de France vers le Kosovo, est revenue mardi sur ses propos et a assuré ne pas vouloir regagner la France sans sa famille, des propos approuvés par son père.

«Je ne veux pas rentrer seule. Ce n'est pas juste. Je veux rentrer uniquement avec ma famille. Je ne vais pas rentrer en France même si (le président français François) Hollande en personne vient ici», a dit Leonarda à l'AFP au Kosovo, où elle a été envoyée avec sa famille après avoir été interpellée lors d'une sortie scolaire le 9 octobre.

Dans la journée, elle avait dit à la chaîne française de télévision Canal+ qu'elle hésitait entre refuser et accepter l'offre de M. Hollande, qui avait déclaré qu'elle pouvait rentrer en France, mais sans sa famille.

«J'hésite à rentrer ou pas», avait-elle confié à Canal+. Rentrer seule? «J'aimerais bien, mais j'hésite», avait-elle dit.

«Ma famille est mon coeur», a-t-elle dit un peu plus tard à l'AFP en serrant sa mère dans ses bras.

Pour sa part, son père, Resat, 47 ans, a affirmé qu'il était «hors de question» que sa fille - dont l'expulsion a suscité une vaste polémique au sein de la majorité de gauche - rentre seule en France.

«Soit elle rentre avec sa famille, soit elle ne rentre pas. Il n'y a que la mort qui peut nous séparer», a-t-il poursuivi.

«Comment peut-on dire à une enfant âgée de 15 ans "la porte est ouverte pour toi", alors qu'elle ne peut pas franchir les frontières sans l'aval de ses parents», s'est-il interrogé.

Selon un journaliste de l'AFP dans l'appartement des Dibrani à Kosovska Mitrovica, ville où les autorités kosovares ont installé la famille depuis leur arrivée au Kosovo, Leonarda semblait sereine et ne laissait pas l'impression d'avoir subi une quelconque pression pour changer sa déclaration.

Depuis leur expulsion, M. Dibrani, le seul de sa famille à être né au Kosovo, a admis avoir menti sur les origines kosovares de sa famille et a reconnu avoir présenté un faux certificat de mariage lorsqu'il a déposé les demandes d'asile en France. Il a dit qu'il espérait qu'ainsi lui et sa famille auraient plus de chances d'obtenir l'asile.

L'interpellation de Leonarda Dibrani par la police au cours d'une sortie scolaire a soulevé une vague d'émotion dans une partie de la gauche française et mis des milliers de lycéens dans la rue.

M. Hollande avait provoqué un tollé au sein même de sa majorité en justifiant samedi l'expulsion de la famille tout en proposant à la jeune collégienne de revenir «seule» en France poursuivre ses études.