Un ex-trésorier lâché par des élus se met à table pour raconter comment ceux-ci ont reçu pendant des années des salaires non déclarés. Nous ne sommes pas au Québec, mais en Espagne, où un scandale de corruption ébranle le premier ministre. Les médias espagnols ne lâchent pas le morceau avec les révélations qui s'accumulent au sujet d'une comptabilité occulte au sein du Parti populaire.

Comptabilité

En janvier dernier, des quotidiens espagnols ont révélé que plusieurs dirigeants du Parti populaire (PP), dont l'actuel premier ministre Mariano Rajoy, auraient touché des sommes d'argent provenant d'une caisse secrète gérée par l'ex-trésorier du parti, Luis Barcenas. Des notes manuscrites de Barcenas laissent croire que M. Rajoy aurait touché au fil des ans plusieurs milliers d'euros provenant de cette caisse occulte financée par des dons d'entreprises privées.

Barcenas

Après avoir nié l'affaire pendant plusieurs mois, Luis Barcenas a fini par avouer. Convoqué devant un juge, il a admis hier qu'il existait bel et bien une comptabilité occulte au sein du parti. Selon les médias espagnols, il s'apprêterait aussi à remettre à la justice des centaines de documents originaux ainsi qu'une clé USB contenant l'intégralité de la comptabilité du parti de 1990 à 2008.

Photo AP

Luis Barcenas

Texto

Dimanche dernier, le quotidien El Mundo a publié le contenu de plusieurs messages textes qu'auraient échangé Mariano Rajoy et Luis Barcenas. Le 18 janvier 2013, le premier ministre espagnol a envoyé un message à Barcenas, le jour où les médias ont dévoilé l'existence d'une caisse secrète au Parti populaire. «Luis, je comprends, sois fort. Je t'appelle demain. Je t'embrasse.» En mars dernier, Barcenas a écrit de son côté à Rajoy, disant se «sentir libéré de tout engagement envers [lui] et envers le parti».

Démission

«J'ai donné de l'argent en mains propres à Rajoy en 2008, 2009 et 2010», a affirmé Luis Barcenas au juge chargé d'entendre l'affaire. Malgré les récentes révélations, le premier ministre espagnol a affirmé qu'il ne démissionnerait pas. «J'accomplirai le mandat que m'ont donné les Espagnols», a-t-il déclaré hier, ajoutant que «l'État de droit ne se soumet pas au chantage». L'opposition socialiste réclame le départ du chef du Parti populaire, qui dispose d'une forte majorité à l'Assemblée législative du pays depuis les dernières élections, en novembre 2011.

Photo Reuters

Une manifestante réclame le départ du premier ministre.