La Croatie, qui rejoint l'UE le 1er juillet, aura pour mission de protéger plus de 1300 km de frontières terrestres du bloc européen, avec la Bosnie, la Serbie et le Monténégro, une tâche difficile dans une région où la contrebande et les trafics en tout genre sont un mode de vie.

Pour répondre à ce défi, la Croatie a dépensé des dizaines de millions d'euros pour acquérir des équipements performants afin de surveiller les frontières de ce pays qui se trouve sur la «route des Balkans» des trafics de drogues, d'armes et d'êtres humains vers l'Europe occidentale.

La police des frontières a été équipée, entre-autres, de jumelles et caméras de vision nocturne et thermique tout comme de détecteurs de stupéfiants et d'explosifs, a précisé le ministère de l'Intérieur.

Au sud de la Croatie, le passage de Karasovici à la frontière avec le Monténégro, sera à partir du 1er juillet une des portes d'entrée dans l'UE.

«Les drogues et les immigrés illégaux sont nos principales préoccupations», confie Stane Urlovic, policière en  faction à Karasovici.

La plupart du temps, les illégaux tentent d'entrer par le maquis et les forêts de pins qui se trouvent à quelques centaines de mètres du passage, explique-t-elle en montrant du doigt les monts avoisinants.

«Il nous arrive d'interpeller des clandestins quelques heures seulement après les avoir renvoyé au Monténégro», assure Mme Urlovic.

Un des principaux défis sera le millier de kilomètres de frontière terrestre avec la Bosnie, surtout en raison la configuration du terrain où se succèdent des régions peu peuplées, des rivières et de montagnes difficiles d'accès, propices à la contrebande.

La Croatie partage aussi quelque 900 km de frontière maritime à l'Adriatique, flanquée au nord par l'Italie et au sud par le Monténégro.

«Il s'agira d'une mission très exigeante  dont on va devoir s'acquitter si nous souhaitons être prêts à rejoindre l'espace Schengen», fait valoir un responsable du ministère de l'Intérieur Gilio Toic Sintic.

La Croatie, ancienne république yougoslave indépendante depuis 1991, aspire à rejoindre les 26 pays membres du groupe Schengen (22 des 27 membres de l'UE plus la Norvège, la Suisse, Islande et le Liechtenstein) d'ici à la fin 2015.

«Les hommes, le savoir faire, les équipements et les passages frontières», résume M. Toic Sintic les conditions à remplir.

La police des frontières croate compte actuellement 6000 hommes, mais a désespérément besoin d'employer 300 nouveaux officiers.

A Metkovic, ville frontalière dont une partie se trouve en Bosnie voisine, installés dans un poste de contrôle, des policiers surveillent sur des écrans 24 heures sur 24, sept jours sur sept, six points névralgiques couverts par des caméras.

Dans les rues de la ville patrouillent des unités mixtes, croato-bosniennes, de  police.

«Le terrain est propice aux trafic d'immigrés qui peuvent se cacher où 'disparaître' dans la ville», note Mato Barisic, commandant régional de la police des frontières.

L'année dernière, environ 6.500 clandestins Afghans, Albanais, Algériens, Kosovars, Somaliens, Syriens et Turcs ont été interpellés en Croatie.

Selon l'agence Frontex, chargée de la gestion des frontières extérieures de l'Union européenne, dans la région des Balkans, 35.000 personnes ont tenté de se rendre illégalement vers l'UE en 2012, soit une hausse de 33% par rapport à 2011.

En ce qui concerne les stupéfiants, la Croatie a saisi 600 kg de drogue à ses frontières mais fait face à une augmentation du trafic en provenance de l'UE de voitures volées.

Selon Mme Urlovic, les équipements sophistiqués sont fort utiles mais souvent, le facteur humain est crucial pour flairer les trafiquants.

«Un oeil vigilant et un nez+ expérimenté sont les éléments les plus importants de tout contrôle», assure-t-elle.