Il n'y aura finalement ni rue Margaret Thatcher ni rue Bobby Sands à Paris: Pierre Schapira, maire adjoint de la capitale, a renvoyé dos à dos lundi la droite et la gauche radicale, les invitant à «ne pas utiliser les morts à des fins politiques».

Un élu au Conseil de Paris, Jérôme Dubus, du parti de droite UMP, avait proposé qu'un lieu ou une voie de Paris soit consacré à la mémoire de l'ancien Premier ministre britannique Margaret Thatcher, décédée le 8 avril.

Le Front de gauche avait alors souhaité que l'on donne à une rue de Paris le nom de Bobby Sands, l'indépendantiste irlandais mort en prison au terme de 66 jours de grève de la faim alors que Margaret Thatcher était au pouvoir.

Lors de l'examen des voeux des élus au Conseil de Paris, le maire adjoint n'a pas caché son exaspération. «Tous les mois, j'ai quelque chose. La dernière fois c'était le pape, Chavez (...), là, Dubus annonce qu'il va faire un voeu sur Margaret Thatcher, et hop, Bobby Sands. Si ce n'était pas dramatique, ça serait extrêmement drôle», a déclaré M. Schapira.

Commentant la proposition du Front de gauche relative à Bobby Sands, M. Schapira, du Parti socialiste, s'est lancé dans une vive critique de l'action des autorités britanniques alors dirigées par Margaret Thatcher.

«Bobby Sands», a-t-il dit, «est mort d'une grève de la faim qu'il avait menée pour dénoncer son emprisonnement en tant que prisonnier politique, et dans des conditions extrêmement terribles faites aux détenus irlandais, sur lesquels la torture était pratiquée régulièrement par la police anglaise. Grève de la faim à laquelle Mme Thatcher n'a pas souhaité mettre un terme».

Concernant la proposition de l'UMP, M. Schapira a déclaré ne pas voir «quel argument justifierait particulièrement» de donner le nom de Margaret Thatcher à une rue de Paris.

Le maire adjoint a appelé les formations représentées au Conseil de Paris à «ne pas utiliser les morts à des fins politiques». «Je vous demande de ne pas utiliser les décès des uns et des autres pour susciter des débats décalés dans notre assemblée», a-t-il conclu.