La Serbie et le Kosovo se sont reprochés mercredi l'échec mardi à Bruxelles des pourparlers pour normaliser leurs relations, tout en assurant être prêts à poursuivre les efforts pour sceller un compromis.

A Belgrade, le président serbe Tomislav Nikolic a réuni son Premier ministre Ivica Dacic et son vice-Premier ministre Aleksandar Vucic pour discuter de la marche à suivre après l'échec de ces discussions parrainées par l'Union européenne et sa chef de la diplomatie Catherine Ashton.

L'influent vice-Premier ministre serbe Aleksandar Vucic a confié que Belgrade se trouvait devant «deux choix particulièrement difficiles».

«Ce que nous avons entendu (ndlr, à Bruxelles) est très mauvais pour nous», a-t-il dit.

La Serbie doit «choisir désormais entre un très mauvais projet pour les Serbes du Kosovo et l'option de rejeter tout accord avec la partie albanaise et l'UE, ce qui serait une très mauvaise nouvelle pour l'ensemble de la Serbie», a-t-il souligné sans fournir davantage de détails.

Une source officielle serbe, ayant requis l'anonymat, a rejeté sur Pristina la responsabilité de l'échec des négociations.

Néanmoins, «nous avons encore cinq ou six jours pour parvenir à un accord», a ajouté ce haut responsable serbe. Un rapport d'évaluation devra ensuite être publié, le 16 avril, par la Commission européenne et celui-ci sera soumis aux dirigeants européens avant leur sommet de juin.

Les négociations ont achoppé sur le degré d'autonomie dont pourraient bénéficier les municipalités en majorité serbe du nord du Kosovo, région frontalière de la Serbie qui échappe de facto au contrôle de Pristina.

Belgrade réclame la création d'une «association» de ces municipalités qui disposerait de «pouvoirs exécutifs» pour la sécurité, la police et la justice.

«La Serbie veut savoir en détail comment les officiers de la police et les juges seront nommés et veut obtenir la création d'une sorte de mini-gouvernement des Serbes du Kosovo doté de certains pouvoirs exécutifs», a résumé le dirigeant serbe.

Aucune nouvelle réunion n'est prévue

De son côté, le chef du gouvernement kosovar Hashim Thaçi a assuré que, «malgré les difficultés actuelles, nous ne pouvons pas déclarer que le processus (de négociation) a échoué».

«J'espère que la Serbie va réfléchir et va finir par accepter la réalité d'un tel accord. Je suis conscient qu'il ne s'agit pas de prendre des décisions faciles (...) mais nous ne devons pas rester otages du passé», a-t-il affirmé.

Bruxelles a averti qu'aucune nouvelle réunion n'était prévue sous sa houlette et noté que les deux délégations allaient faire connaître leurs positions dans les prochains jours.

A Pristina, les voix se multiplient pour demander davantage d'implication dans ces pourparlers des Etats-Unis, principal allié du Kosovo, ce que le Premier ministre Hashim Thaçi a récemment réclamé.

«Aucun processus dans les Balkans n'a pu fonctionner sans une implication forte et directe des Etats-Unis. Ils doivent maintenant assumer un rôle plus grand» dans le dialogue serbo-kosovar, a fait valoir Valon Murtezaj, professeur de sciences politiques à l'Université de Pristina.

M. Murtezaj faisait allusion à l'accord de paix de Dayton arraché par Washington après plusieurs échecs de médiation européenne et qui a mis un terme à la guerre intercommunautaire de Bosnie (1992-1995).

Mais la porte-parole du département d'Etat Victoria Nuland a préféré «encourager les deux parties à étudier les propositions qui sont sur la table et à revenir devant l'UE pour sceller un accord».

Engagé en 2011, le «dialogue» serbo-kosovar ne porte pas sur la question de l'indépendance proclamée il y a cinq ans par le Kosovo, à laquelle s'oppose la Serbie et qui n'est pas reconnue par cinq pays de l'UE. Mais il a conduit à des avancées qui semblaient improbables il y a quelques années, à l'image de l'accord conclu en décembre sur la question très sensible des points de passage entre la Serbie et le Kosovo.

Sans accord avec Pristina, Belgrade, qui souhaite vivement commencer le plus vite possible ses négociations d'adhésion à l'UE, verra cette date reportée sine die.