L'Italie se trouve dans une «situation dramatique» et a besoin d'un «gouvernement qui fasse des miracles», a déclaré lundi le chef de la gauche Pier Luigi Bersani dans le cadre de ses consultations pour tenter de former un gouvernement issu des élections de fin février.

«La vérité est que nous nous trouvons dans une situation dramatique (...) Nous avons besoin d'un gouvernement qui fasse des miracles», a-t-il déclaré à l'issue de consultations avec les syndicats, qui précèdent d'autres entretiens prévus mardi avec les autres formations représentées au Parlement.

La péninsule, en récession, est frappée de plein fouet par la crise : le taux de chômage selon des chiffres provisoires, est monté à 11,7 %, son niveau le plus haut depuis 1992, et 38,7 % des jeunes sont touchés.

La coalition de gauche de Bersani, devenue la première force politique du pays, dispose de la majorité absolue à la Chambre des députés, mais pas au Sénat, où elle cherche, en vain jusqu'ici, un accord avec le Mouvement cinq étoiles (M5S) qui a cristallisé le vote contestataire.

Du coup, le chef de l'opposition de centre droit, Silvio Berlusconi, se sentant exclu du jeu politique, a durci le ton lundi, exigeant que son parti participe au futur gouvernement mené par M. Bersani «Vu que les élections ont eu comme résultats deux forces quasiment égales, nous demandons un gouvernement incluant le PDL (NDLR, son parti, le Peuple de la liberté) et également un président de la République modéré», a-t-il dit sur la chaîne Canale 5. La coalition de droite de Silvio Berlusconi est arrivée deuxième aux législatives, à l'issue d'une forte remontée sur la coalition de gauche.

Lors d'une réunion avec les parlementaires de son parti, il a fait une proposition encore plus précise : «Bersani président du Conseil et (le secrétaire du PDL Angelino) Alfano vice-président», a-t-il dit. «Nous nous assoirons à la table des négociations seulement pour parler d'un gouvernement ensemble».

Les représentants du PDL doivent rencontrer M. Bersani mercredi matin.

«La gauche a occupé tous les postes (notamment les présidences du Sénat et de la Chambre des députés, NDLR). S'ils font de même pour le Quirinal (siège de la présidence de la République), nous, avec nos sénateurs, nous bloquerons le Sénat et donc le Parlement et nous ferons descendre la protestation dans la rue, car cela constituerait un coup de force», a-t-il estimé.

Le mandat du président Giorgio Napolitano, un ex-communiste qui joue un rôle-clé dans cette période de crise politique et a chargé vendredi M. Bersani de former un nouveau gouvernement, s'achève mi-mai. Le président de la République italienne est élu par les deux chambres du Parlement.

En attendant la formation d'un nouveau gouvernement, c'est le gouvernement sortant de Mario Monti qui expédie les affaires courantes.