Le président de l'association L'Arche de Zoé, Éric Breteau, et sa compagne Émilie Lelouch ont été condamnés mardi à Paris à deux ans de prison ferme et immédiatement arrêtés pour avoir tenté en 2007 d'exfiltrer du Tchad vers la France 103 enfants présentés comme des orphelins du Darfour.

Ils étaient poursuivis pour escroquerie, exercice illicite de l'activité d'intermédiaire pour l'adoption et aide à l'entrée ou au séjour de mineurs en situation irrégulière.

Les deux Français, qui étaient absents tout au long de leur procès, mais s'étaient présentés devant la justice ce mardi pour le jugement, ont été immédiatement arrêtés.

Éric Breteau et sa compagne Émilie Lelouch avaient été arrêtés avec d'autres bénévoles en octobre 2007 à Abéché (est du Tchad) alors qu'ils s'apprêtaient à embarquer dans un avion vers la France avec des enfants affublés de faux bandages et de pansements.

Accusés d'avoir joué sur le «désir d'enfants» de familles françaises recrutées sur des forums internet liés à l'adoption, ils disaient vouloir sauver des orphelins du Darfour. Mais selon plusieurs ONG, ces enfants étaient en réalité pour la plupart tchadiens et avaient au moins un parent en vie.

Installés en Afrique du Sud, Éric Breteau et Émilie Lelouch n'avaient pas même été représentés pendant le procès qui s'est tenu du 3 au 12 décembre devant le tribunal correctionnel de Paris.

Le parquet avait requis contre eux trois ans de prison, dont deux fermes, assortis d'un mandat d'arrêt.

Quatre autres prévenus ont été condamnés à des peines allant de six mois à un an de prison avec sursis. Il s'agit de Christophe Letien, membre de l'association resté en France, du Dr Philippe Van Winkelberg, du logisticien Alain Péligat et d'une journaliste, Marie-Agnès Pèleran.

L'association a été en outre condamnée à 100 000 euros (environ 135 000) d'amende et dissoute.

Hormis Marie-Agnès Pèleran et Christophe Letien, les protagonistes avaient tous été condamnés au Tchad à huit ans de travaux forcés pour «tentative d'enlèvement d'enfants». Ils avaient été transférés enae France et leur peine commuée en années de prison, avant que le président tchadien Idriss Deby ne les gracie fin mars 2008.